@ Abdelkader,
Vous écrivez : La laïcité c’est respecter l’autre dans sa différence et ses croyances. Euh… au risque de vous décevoir, la laïcité garantit avant tout la liberté de conscience, c’est-à-dire qu’elle range sur le même plan l’expression religieuse, l’expression athée, agnostique et l’expression anti-religieuse. Il s’agit ici d’opinions. Je peux parfaitement éprouver du respect en tant que personne pour quelqu’un professant des idées politiques différentes des miennes et débattre avec lui jusqu’à l’aube sur ce qui nous oppose. Il en va de même en matière de religion, la croyance religieuse étant, en république laïque, une opinion comme une autre.
Je peux donc respecter quelqu’un pour ce qu’il est, en tant que personne, et critiquer mordicus ce en quoi il croit. Il n’y a rien ici d’antinomique. Vouloir faire une confusion entre l’être et sa croyance est absurde d’un point de vue philosophique. Si l’on relit Sartre, l’homme doué d’une pensée peut renier ce en quoi il a cru jusqu’à son dernier souffle ; l’homme doué de raison peut progresser dans son jugement sa vie durant. En tant que personne, il demeure le même, mais ses idées, ses croyances, ses convictions, peuvent évoluer, changer, progresser (ou régresser). En ce sens, d’un point de vue purement philosophique, il est impératif de distinguer l’être de ses opinions et croyances, celles-ci ne lui étant pas consubstantielles.
Défendre la laïcité, c’est défendre le cadre républicain dans lequel les oppositions d’opinions peuvent prendre forme. La loi défend la libre pensée et la libre expression, et elle interdit parallèlement l’appel à la haine de l’autre. C’est là un héritage extraordinaire que nous nous devons de préserver et d’entretenir et que nulle autre civilisation avant la nôtre n’avait rendu possible. Que les croyants et les athées permettent donc à ceux qui ne pensent pas comme eux de s’exprimer librement ; que cessent les amalgames entre critique de faits ou d’opinions religieuses et xénophobie ; que cessent aussi les amalgames qui assimilent les critiques de l’islamisme à du sionisme et vice-versa.