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Commentaire de Tristan Valmour

sur Immigrants musulmans en Occident. Partie 2 : Employabilité


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Tristan Valmour 1er mars 2009 10:52

Bonjour monsieur Bensaada

Toute discrimination (religieuse, ethnique, sexuelle, physique…) est le fruit de l’ignorance et de la peur. Il s’agit ni plus ni moins que la négation de l’individu. Je suppose que vous n’aimez pas que l’on vous réduise à la couleur de votre peau ou à votre supposée religion (trop souvent en effet, on associe arabe et musulman). Vous existez avant tout comme individu, et il est effectivement insupportable que des gens ignorent cela. Sans oublier qu’il y a différentes manières de pratiquer sa religion ; que les rigoristes sont partout minoritaires.

Vous parlez « d’animosité grandissante », or je crois que vous faites erreur. Cette animosité a toujours existé chez une fraction marginale de la population occidentale, comme elle a d’ailleurs toujours existé dans les autres cultures. La discrimination est malheureusement l’une des choses les mieux partagées. En revanche, il existe effectivement aujourd’hui des outils (comme le testing dont vous parlez) qui permettent de mesurer le degré de discrimination et qui donnent l’illusion de sa croissance. Malheureusement, avec la crise, je crains que les populations musulmanes et noires ne deviennent l’une des premières cibles en effet.

En ce qui concerne la France, il faut prendre en compte un facteur historique singulier qui explique la méfiance vis-à-vis des immigrants. Contrairement aux Anglais, Irlandais, Italiens, Espagnols, Portugais, les Français n’ont pas beaucoup migré, même pendant les différentes crises économiques. Ils sont toujours restés enracinés en terre de France en raison de sa géographie exceptionnelle. C’est un facteur essentiel qui explique en partie la discrimination. Dans leur inconscient, les Français pensent « nous n’allons pas chez eux, pourquoi viendraient-ils chez nous ? ».

Les médias ont également une responsabilité majeure dans la discrimination. Les reportages consacrés, par exemple, aux musulmans, aux Arabes et aux Noirs, les montrent toujours sous un angle peu flatteur. On parle des femmes soumises, de la violence, du chômage, etc. Ces médias développent donc des clichés.

De la même manière, ces médias diffusent des images qui montrent la richesse des pays occidentaux et incitent les populations de pays moins riches à émigrer, en quête de bonne fortune. Celles-ci sont souvent désemparées lorsqu’elles découvrent l’extrême pauvreté qui existe aussi en Occident. Hélas, toutes les rues ne ressemblent pas aux Champs-Elysées.

La responsabilité des hommes politiques est aussi prépondérante, parce que pour gouverner, ils ont besoin de s’assurer de la division du peuple, en régime démocratique basé sur un scrutin majoritaire.

Les associations anti-racistes sont également responsables parce qu’elles emploient des méthodes stigmatisantes qui ne font qu’aviver les tensions, d’autant plus qu’elles ont pour seule cible le Blanc, alors qu’en occident même, de nombreux Blancs sont discriminés ; ils subissent des brimades et doivent s’incliner et se taire dans certains quartiers. Ca aussi c’est un fait qu’il faut prendre en compte. Ces associations ne sont donc pas anti-racistes mais anti-Blancs.

Je suis profondément et indéfectiblement contre toute forme de discrimination, parce que, comme je l’ai déjà énoncé, la discrimination est un déni d’individu. Mais aussi parce que mon expérience de l’autre, en Europe, Afrique et Asie, m’a permis d’établir la thèse suivante : les gens sont tous semblables, et sont animés des mêmes désirs.

En revanche, je crois que stigmatiser les racistes ou les islamophobes, pour le cas qui nous intéresse aujourd’hui, n’est pas la bonne solution. Il faut écouter ces gens, comprendre d’où vient leur méfiance ou leur haine, puis faire œuvre d’éducation. Pour transformer quelqu’un, il faut d’abord entrer dans son monde, le comprendre, puis l’amener progressivement dans le sien. Le pédagogue que vous êtes sait que dans le domaine du savoir, il faut d’abord briser les conceptions avant de proposer les nouvelles données à acquérir. En effet, vous ne convaincrez pas un enfant que la Terre est ronde si vous ne lui montrez pas un globe terrestre ou une image de la Terre vue de l’espace car son expérience le conduit à croire que la Terre est plate.

Mes amitiés à vous comme à ce bon Pierre-Paul Gagné.




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