Aujourd’hui, l’évolution n’est plus une théorie, c’est un fait ! C’était une théorie quand elle a été proposée il y a deux siècles. Il est clair qu’il y a une relation entre la complexité des êtres vivants qui ont laissé des fossiles et l’âge des terrains où ceux-ci ont été trouvés. Plus un fossile est complexe, plus il est jeune.
Mais ce qui prouve véritablement cette théorie et l’étend à tout ce qui n’a pas laissé de restes fossiles, ce sont les similitudes qui existent entre les gènes qui exercent la même fonction dans des êtres vivants différents.
On retrouve les mêmes gènes chez l’homme, chez le ver de terre, chez la méduse, chez la mouche, dans les arbres, les microbes, parce que les fonctions chimiques sont les mêmes. Aujourd’hui, on connaît des centaines de gènes qui exercent la même fonction chez des êtres vivants différents. Et qui manifestement viennent d’un ancêtre commun.
Les gènes sont des enfilades chimiques constituées avec un très grand nombre souvent des milliers - d’unités moléculaires dont il existe quatre variétés distinctes, représentées par leurs initiales : A, G, C, T. On peut les comparer à des mots très longs écrits avec un alphabet de quatre lettres. On appelle séquence l’ordre dans lequel les lettres se suivent, en quelque sorte l’orthographe du mot génétique. Aujourd’hui on a séquencé des milliers de gènes.
La comparaison de ces séquences a révélé que les gènes qui exercent la même fonction dans des êtres vivants différents descendent d’un même gène ancestral par des substitutions d’une lettre par une autre et d’autres changements d’orthographe (mutations).
L’homme est arrivé après le singe, le cheval et la mouche. Et on retrouve des gènes exerçant la même fonction chez l’homme, le ver de terre, ou encore la méduse. Des gènes qui manifestement viennent d’un ancêtre commun.
Les scientifiques d’il y a un siècle étaient presque tous vitalistes. Comme le biologiste Pasteur qui pensait que la vie faisait intervenir un principe vital. Mais aujourd’hui, le vitalisme est abandonné car nous avons tellement de preuves que la vie s’explique en termes strictement physiques et chimiques, par des réactions chimiques, des structures chimiques. On comprend la vie et on la comprend tellement bien qu’on peut maintenant agir, manipuler. Tout le monde connaît les manipulations et l’ingénierie génétique, la biotechnologie...
Il y a depuis longtemps un courant qui remet en cause le darwinisme, le créationnisme qui croit à une lecture littérale de la Bible. Mais aujourd’hui, apparaît quelque chose de nouveau, la théorie du dessein intelligent.
Le dessein intelligent ce n’est rien de neuf. C’est un mot nouveau mais ce n’est rien d’autre. La théorie du dessein intelligent a été défendue depuis déjà deux cents ans. À l’époque cela s’appelait le finalisme, qui s’apparentait au vitalisme.
Le finalisme affirme que les structures vivantes ont été créées en fonction d’un but. Le finalisme introduit dans la naissance de la vie l’intervention d’une entité supérieure, extérieure qui dirige l’évolution vers un but. Le dessein intelligent n’est rien d’autre qu’une version moderne du finalisme. Selon les tenants du dessein intelligent, certaines étapes de l’évolution, de l’origine de la vie sont inexplicables sans l’intervention d’une entité directrice qui a orienté le phénomène. Mais entre le finalisme et le dessein intelligent, il y a eu Darwin.
Ce que Darwin postule, c’est que les modifications génétiques qui se produisent dans l’évolution se produisent de manière accidentelle. Et c’est la sélection naturelle qui, à posteriori, fait le tri entre les différentes variantes. Les espèces qui survivent sont celles qui dans les conditions chimiques et physiques données de l’époque ont le plus de chances de survivre et d’avoir une progéniture. Par définition, si vous avez plusieurs variantes en compétition pour les mêmes ressources, ce sont celles qui vont se reproduire le plus vite qui vont émerger.
Toute la biologie moderne est venue confirmer la théorie de Darwin sur les mécanismes de l’évolution. C’est dans une certaine mesure un fait établi, illustré, par exemple, de nos jours, par les microbes qui deviennent résistants aux antibiotiques.
Source : Christian de Duve, prix Nobel de médecine, sur l’évolution, Darwin, le dessein intelligent et la science par David Pestieau , Dominique Meeus