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Commentaire de jeanpierrecanot

sur Le microcrédit mal connu du grand public


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jeanpierrecanot jeanpierrecanot 6 mars 2009 10:13
LE MICRO CREDIT N’EST QUE LA TOUTE PREMIÈRE ÉTAPE D’UN SYSTÉME MILLÉNAIRE
 
Micro finance et micro crédit sont devenus depuis quelques années la solution miracle chaque fois que la banque traditionnelle ne veut pas intervenir.
C’est le cas dans les pays en développement où la Banque Mondiale, qui n’a d’ailleurs fait que des erreurs, après avoir fermement rejeté Muhammad YUNUS et sa Grameen Bank, en a fait le modèle que tous doivent retenir.
 
C’est le cas dans les pays développés où fleurissent les initiatives permettant aux tenus à l’écart par les banques de trouver des financements dont, si on y regarde bien, la ressource est procurée par ces mêmes banques au travers parfois de filiales qu’elles ont créées.
 
La crise actuelle où le système bancaire tend à limiter les crédits, est l’occasion pour certains de considérer que la micro crédit est une des solutions sinon la solution à cette crise.
 
Dans la recherche de solutions de financement pour les plus démunis que le système bancaire traditionnel maintient à l’écart de ses interventions, on oublie systématiquement le modèle coopératif qui il y a plus de cent ans apportait la solution à l’agriculture française notamment.
Le micro crédit, la micro finance sont devenus les tartes à la crème du développement depuis que Muhammad YUNUS en a été déclaré l’inventeur.
 
Muhammad YUNUS et la Grameen Bank du Bengladesh n’ont pourtant rien inventé du tout, ce qui n’enlève d’ailleurs rien à leur mérite.
 
La Grammeen Bank et tous les modèles de micro finance qui en découlent est la première étape du modèle coopératif inventé par les Babyloniens et qui, après l’expérience des pionniers de Rochdale ou des producteurs de micocoulier dans le Gard en France, a été il y a cent ans à la base des modèles européens de la coopération agricole, notamment le Crédit Agricole français, que l’on oublie systématiquement dans les programmes de développement au profit du seul modèle de Muhammad YUNUS porté désormais aux nues.
 
Le problème est que malgré tous ses mérites, le modèle mis en œuvre dans cette seule première étape, ne marche pas – à l’échelle de l’économie globale- et ne marchera jamais, pas plus d’ailleurs que les modèles coopératifs européens pris dans leur forme actuelle et que nous nous acharnons à développer en vain depuis les indépendances.
 
Il faut pour mobiliser le maximum de ressource bancaire vers le secteur agricole sous forme de prêts, bancariser les populations rurales de façon à ce que tous les flux financiers résultant de leur activité –essentielle dans les pays en développement, il s’agit du secteur primaire- restent dans ce secteur et ne s’évadent pas vers la banque commerciale, qui dans la meilleure des hypothèses fera semblant d’aider l’agriculture en avançant des fonds aux organismes de micro finance qu’elle crée la plupart du temps sous forme de filiales.
Ceci est vrai aussi pour les autres secteurs et pour nos pays en ce qui concerne les laissés pour compte du système bancaire traditionnel.
 
Cette mobilisation indispensable de la ressource de base qui devra d’ailleurs être complétée notamment pour les investissements longs ne peut se faire qu’au travers du modèle coopératif qui a fait ses preuves depuis des siècles.
Encore faudrait-il que ce modèle soit et reste l’authentique, et ne soit pas remplacé par les ersatz infâmes que l’on a vu se développer tant en Afrique que dans les pays communistes et qui ont conduit à la ruine et à l’abandon de ce modèle coopératif .
Ceci ne pourra se faire que par la mise en place de lois et règlements propres à la Coopération, agricole notamment, et qui en retiennent impérativement les authentiques principes de base.
 
Au Sénégal en particulier, la tentative faite au début des années 80 de mise en place d’une caisse de crédit agricole s’est très vite soldée par un échec, parce que l’on s’est refusé à adopter le modèle coopératif pour ne faire qu’une banque commerciale de plus qui ne s’intéresse pas à l’agriculture et aux plus pauvres.
Vingt ans après en 2004 au constat que dans la vallée du fleuve les terres irrigables suite à la construction des barrages ne sont toujours pas mises en valeur, d’aucuns posent béatement la question : « Mais que fait donc le Crédit Agricole ? »…
 
Ce n’est pas la multiplication des initiatives de micro finance au travers des MEC (Mutuelles d’Épargne et de Crédit) qui permettra d’apporter une solution.
Personne ne semble prendre conscience du rôle essentiel que pourrait jouer dans ce pays, et dans l’ensemble de la zone sahélienne la seule structure qui s’appuie sur le modèle coopératif authentique : le Crédit Mutuel.
Au-delà du fait qu’elle s’intéresse en priorité aux plus pauvres et aux plus petits, elle a le mérite énorme de pouvoir transférer à moindre coût l’épargne de la diaspora sénégalaise en France (On parlait annuellement de 300 milliards de CFA en 1984), et de la réinjecter dans l’économie rurale.
Il faut en effet savoir que les transferts par officines spécialisées coûtent aux malheureux qui veulent renvoyer de l’argent chez eux, en moyenne 10% du montant transféré et que ces sommes n rentrant pas dans des circuits bancaires ne peuvent constituer une ressource pour faire des crédits.
 
Il faudrait bien se réveiller un jour et traiter le problème avec un minimum de bon sens.
 
Jean-Pierre Canot auteur du livre « Apprends-nous plutôt à pêcher ! »
http:\\jeanpierrecanotbergerac.blogsudouest.com/ 
 
Bergerac le 15 janvier 2009
 
 

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