"Godard disait que l’épopée est réservée à Israël et le documentaire aux palestiniens. Que voulait dire Godard ? Que la fiction est un luxe, et que la seule chose qui reste aux pauvres, aux victimes, c’est de montrer leur réalité, de témoigner de leur misère." (Jacques Rancière interviewé par Télérama, déc. 2008)
Quand de son coté, Daniel Pennac écrit : " Les langues évoluent dans le sens de la paresse. ", il fait de toute évidence référence à la langue des pauvres : la langue, comme dieu ou la main invisible, est toujours celle des vainqueurs, des dominants.
C’est le sens de l’ouvrage d’Alain Bihr : La novlangue néolibérale, ou la rhétorique du fétichisme capitaliste
Extraits : "Les Soviétiques avaient l’habitude de dire que la Pravda méritait bien son titre. En effet, il suffisait de la lire pour apprendre la vérité (Pravda en russe)... à condition d’en prendre le contre-pied. Le discours néolibéral qui colonise actuellement les scènes médiatiques et politiques est de la même farine. Pour entendre la vérité en l’écoutant, il suffit d’en inverser les termes, c’est ce qu’entreprend de démontrer cet ouvrage pour les concepts-clés de ce discours. Chacun d’entre eux apparaît alors soit comme un mot-valise qui passe son contraire en contrebande, soit comme un mot écran qui fait obstacle à l’usage de son contraire, soit même comme les deux à la fois. Le discours néolibéral se révèle ainsi être un nouvel avatar de cette perversion discursive pour laquelle Orwell a créé le néologisme ’novlangue’.
Dans mon billet consacré à cet ouvrage, on trouvera beaucoup d’interventions pertinentes sur le sujet.