@Eloi
Marc Bruxman, vous faites des commentaires plein de bon sens mais il ne faudrait pas prendre vos rêves pour la réalité :
Je ne suis pas sur que la façon dont je l’exprime ici corresponde à un rêve, au contraire. Si je suis pour le libéralisme je suis pour une transition raisonnée entre le modèle actuel et une société effectivement moins étatique. En aucun cas une disparition brutale des structures telles que l’état ne serait bonne. De même que si je suis pour la démocratie, il faut reconnaitre que l’Angleterre a su en son temps obtenir cette démocratie sans passer par une révolution trop violente. Alors que nous Français l’avons fait brusquement et dans un bain de sang. (cf la terreur).
Bref, si j’avais un rêve ce serait effectivement de transitionner vers un état minimal mais de faire cela de façon progressive et démocratique, pas en passant par une gabegie qui ne sera bonne pour personne.
* disparition de l’Etat : des personnes qui partagent des lois communes forment par définition un état. Vous pourriez objecter que les lois deviendraient des contrats, mais des contrats se fondent sur des lois (pour que des juges puissent décider de la rupture d’un contrat) et de plus, je me vois mal signer des contrats avec 6 milliards d’êtres humains pour garantir la vie en société.
Je parles ici d’états nations et non cela n’a même pas toujours existé. Au moyen age, il n’y avait d’état au sens ou on l’entend aujourd’hui. Nous ne retournons pas au moyen age cela sera différent. Mais il est clair qu’un état fort et omnipotent correspondait à un besoin de la classe dominante à savoir la classe industrielle et donc cet état fort a eu lieu. Les militaires passaient des commandes à l’industrie, l’état construisait les routes dont l’industrie automobile avait besoin, bref l’organisation sociale du XXème siécle avait du sens pour cette période. Depuis le monde a changé et cette organisation sociale a avouez le moins de sens. C’est pourquoi nous en arrivons la. Il faudrait objectivement réduire la taille de l’état, mais même les plus libéraux n’ont pas osés le faire (sous Reagan la taille de l’état US relativement au PIB a augmenté). Ce n’est pas tout de baisser les impôts et de virer des allocations à ceux qui en ont besoins, si le déficit continue d’augmenter et que le budget militaire s’envole, les réformes ne sont pas allées dans le bon sens.
Ce que je dis c’est juste que soit on le fait graduellement et bien, soit on laisse les forces de l’histoire s’en charger. Mais il faut être conscient que dans ce dernier cas, on risque de se retrouver un jour avec un état techniquement détruit. Et que l’histoire nous enseigne que ce n’est JAMAIS une bonne chose car dans ce cas la même les missions "minimales" ne sont plus réalisées.
* disparition des culutures nationales : la culture est d’ailleurs un moyen de simplifier l’expression des lois. Leur disparition entraînerait une complexification de la loi (ou des contrats) qui entraînera un coût supplémentaire. La part du tacite...
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point et je n’en parles pas du tout comme d’un rêve contrairement à ce que vous semblez croire. Maintenant la constatation est la : il est de plus en plus difficile de maintenir une culture nationale et ce n’est pas propre à la France. Et ceci est également un point qui va tendre à dissoudre les états. Parce que la culture nationale est ce qui permet au peuple d’accepter l’autorité de l’état. Si cela disparait, alors c’est la corruption et le vice qui se mettent en place. Malheureusement nous y sommes déja.
L’aspect "narratif" d’une société est ce qui maintient sa cohésion. Le fait que plus aucun état nation n’a de modèle narratif efficace et ce dans quasiment tous les pays est très inquiétant. Et contribue à me faire penser que la structure "état nation" tel qu’on l’a connue ne passera pas le XXIème siécle et sera remplacée par une autre structure lorsque les affaires se seront décantées.
* disparition du salariat : le salariat est bien pratique pour garantir une certaine stabilité. De plus, la définition d’un poste est souvent plus facile à faire qu’un contrat de sous-traitance. De plus, il y a tellement de choses qu’il est contre-productif d’essayer de formaliser à l’avance : il faut donc un contrat vague : un contrat de salariat. Et enfin, que des entrepreneurs demanderaient un salaire supérieur pour contrecarrer le risque de chômage : vu les tarifs des assurances, vous imaginez bien que ca coûtera cher. Peut-être même plus qu’un système étatique de solidarité...
Oui il restera des salariés je n’ai pas dit le contraire mais cela ne sera pas la forme d’organisation dominante. Je travaille dans les nouvelles technologies et j’ai des salariés. Toutefois, on a aussi recours de plus en plus fréquamment à des freelances pour certaines postes. Et ce que je vois c’est que je suis plutot d’arrière garde par rapport à certains de mes clients qui sous-traitent absolument tout.
Ah oui et le contrat vague, ca existe, ca s’appelle même "de la régie" dans le monde des SSII : En gros c’est la location d’une personne avec des compétences pour une durée déterminée. Le télétravail est quand à lui de plus en plus présent.
@Celine
Même si les réflexions de Marc Bruxman sont stimulantes, j’avoue que je ne suis guère convaincue. Et je voudrais avoir l’avis d’économistes sur un point du commentaire de MB : est-il vrai que l’industrie est endettée ? J’en doute, qui ça : PSA ? non. Les grandes firmes de Détroit ? Même pas, même si elles sont en grande difficulté et que leur patrimoine en chaîne de production ne vaut plus un dollar... Saint Gobain ? Mittal Steel ? qui ?
Alors, prenez par exemple cet article :
http://business.timesonline.co.uk/tol/business/industry_sectors/engineering /article429763.ece
dont je cite la phrase importante :
"Late last year GM owed more than $300 billion (£155 billion) and had $120 billion in outstanding bonds."
Donc voila, les "bonds" ce sont des obligations c’est à dire de la dette cotée. GM est donc endetté a 120 milliards ne serait ce que sur les marchés financiers. Soit plus de 2 Madoffs ou si vous préférez 24 Kerviels. Alors ces 120 milliards il va falloir en gagner de l’argent pour les rembourser aux investisseurs ! Le reste de la dette (Les 300 - 120 soit 180 milliards) c’est probablement de la dette vis à vis des fournisseurs et il faut étudier le bilan plus profondément pour la juger ne la prenez donc pas en compte ici.
Pour PSA :
http://www.boursorama.com/profil/profil_finance.phtml?symbole=1rPUG
Alors dans le tableau vous avez environ 30 Milliards rien qu’en dettes financières courantes et non courantes. A mettre en regard du milliard de bénéfices annuel. (Je ne trouve pas cela très sain de comparer l’endettement au CA mais bon c’est une affaire de goût).
En fait, il est très simple pour une grosse boite de s’endetter, il lui suffit d’émettre des obligations sur les marchés.
Notez que les états font pareil, quand vous entendez parler sur Boursorama d’une "AFT" (Adjudication France Tresor), c’est que la France vient de vendre de la dette.
Alors après cette dette c’est des titres comme d’autres et divers organismes type assurances, mutuelles, caisses de retraites peuvent en posséder. Dans certains cas comme General Electric, les obligations du groupe sont même classés AAA ce qui veut dire qu’on les considére comme absolument sans risque.
Donc pour répondre à votre question, si la plupart des entreprises sont endettées et le fait que l’endettement soit souvent rapporté au CA fait que l’industrie a une part d’endettement assez monstrueuse. D’autant que ses marges sont faibles.
@ Michel Santi
Un changement d’ère industrielle et technique nous dit M Bruxman, je veux bien mais la crise actuelle est, si j’ai bien compris, d’abord le résultat d’un excès de liquidités monétaires que l’on traite par de gigantesques apports de liquidités supplémentaires. Me trompé-je ou les informations abondamment communiquées par les banquiers centraux il y a encore qq mois sur l’évolution de M3 ont totalement disparues du paysage ?
Oui c’est ce que vous voyez et que nous voyons tous. Mais maintenant pourquoi la machine s’est emballée comme cela ? Le monde était enlisée dans une crise dans les années 70 et nos dirigeants ont rapidement compris que le modèle de la société industrielle ne pouvait plus tenir une fois les pays occidentaux entièrement reconstruits. Si le commerce peut toujours se faire et croitre, le commerce de biens physique ne peut par définition être illimité.
Alors l’échappatoire a effectivement été de faire n’importe quoi avec la politique monétaire. Et pendant un temps l’excés de crédit a permi de maintenir une croissance mondiale très élevée. Et a généré une très mauvaise allocation des ressources. Ce qu’on a fait c’est un peu comme donner un médoc anti-douleur a un cancéreux en phase terminale. Ca le remet en forme mais cela ne le soigne pas. A la fin l’issue est la même. Ce que je dis ici, c’est attention ! Une crise peut en cacher une autre. Et maintenant que le système de crédit abusif est cassé vous allez assister à un "deleveraging" (comme disent les financiers) puis à l’adaptation de l’outil industriel à la demande. Ce qui ne sera pas une chose agréable.
@ Marc Bruxman
Je suis une ancienne étudiante de Jacques Ellul, une rencontre exceptionnelle que je ne saurai trop vous recommander de faire avec ce qui reste : les livres ou viahttp://www.jacques-ellul.org/par exemple. Je dis cela au regard des sujets qui vous intéressent en général. Et ce qui attire ce commentaire, c’est mon agacement pour la confusion entre les termes technologique et technique. Presque tout le monde pratique aujourd’hui cette confusion, mais je crois vraiment que c’est fort instructif de découvrir ce que Ellul en dit. Il me semble qu’il développe ce point dans la première partie du "bluff technologique".
Ok, je lirai ca avec plaisir, merci pour le lien !
11/03 16:58 - paul
il est utopique d’imaginer que l’etat va deperir après s’etre renforcé,marx (...)
11/03 14:15 - Marc Bruxman
Bonjour, à relire votre premier commentaire à cet article, il me semble que votre (...)
11/03 13:19 - Michel Santi
Désolé pour mon retard mais je viens de rentrer de voyage ! Selon moi, il s’agit (...)
11/03 10:33 - Julius
Ne pas confondre Tchéquie avec la Hongrie ou pays Baltes.Tchéquie a assez peu de la dette. (...)
11/03 09:49 - John Lloyds
Bon, Monsieur Santi ne daigne pas répondre, merci aux autres pour leur réponse.
11/03 09:20 - aquad69
Bonjour Marc Bruxman, à relire votre premier commentaire à cet article, il me semble que (...)
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