Mwouais… Adjani avec un flingue qui tient une classe en respect… c’est pas très très crédible… Quand tu as une prof comme Adjani, petit caïd ou pas, tu la boucles et tu étudies la plastique. Mais les temps sont loins où les femmes à poigne faisaient taire les mioches d’un mot et où les enseignants de fiction mataient les sauvageons au bazooka.
Il y a dans un album de Margerin (un dessinateur de bédés des années ’80) la menace suprême pour les enfants récalcitrants : si tu n’es pas sage, tu iras en vacances chez Anne Gaillard ! (Que Séguéla, déjà amateur de formules qui font bien dans les dîners chics, avait surnommée la Hitler de France Inter.) Anne Gaillard, c’était la Laurence Boccolini des années ’70 (en moins drôle). Elle avait de la niaque, du punch ; elle faisait chialer les chanteuses idiotes et bégayer les politiciens sûrs de leur fait. Rien à voir avec la minaudeuse de Pull marine.
L’Année de la jupe sera-t-elle une version grenadine de Battle Royale (Kinji Fukasaku — 2000), où le grand Takechi Kitano butait sans émotion apparente les élèves insolents dès le début du film ? Pour rappel de l’intrigue : dans une société où les jeunes ont le monopole de la violence, les adultes choisissent chaque année d’isoler une classe de terminale sur une île. Chacun a une arme ; il n’y aura qu’un seul survivant. L’exemple servira à calmer la génération pendant quelques mois… Tant qu’à faire de la fiction à deux balles, autant viser la tête.
Il y avait aussi eu auparavant Marche ou crève (1979) de Stephen King, autre histoire dystopique, un Punishment Park pour mineurs délinquants, une Croisière jeune où les adultes suivaient sur petit écran l’hécatombe des petit marcheurs à la croix de fer. Ne sais si l’on a transformé les pages en pellicule… Le résultat serait en tout cas bien plus jouissif pour les dindes que la gentille Isabelle avec son petit gun menaçant de sa fluette voix une bande de polissons en survêtements.
Quoi qu’il en soit, si les jeunes sont devenus plus violents, les fictions cathartiques à leur endroit semblent l’être beaucoup moins. À quand Sébastien Chabal en prof de philo enseignant Descartes à coups de batte en aluminium brossé dans un Boot Camp sur l’île de Koh-Lanta ? Ça, ça calmerait les mioches et ça amuserait leurs mères-grand.
Si l’on m’avait menacé quand j’étais jeune kid d’aller avec Adjani si je faisais une bêtise (alors que je venais de la découvrir dans Le Petit Bougnat), je les aurais enchaînées jour et nuit.