Documents qui permettent de mieux comprendre le combat anti-raciste de Dieudonné.
Juif et antisioniste : une perversion ?
Michel Staszewski
Pour répondre à cette question, il faut d’abord s’entendre sur le sens qu’on donne aux termes « juif », « sioniste » et « antisioniste », car une grande confusion règne actuellement sur le sens de ces mots.
« juif » ou « Juif » ?
Pour beaucoup de gens, les juifs (dans ce cas écrit avec un « j » minuscule) sont les adeptes du judaïsme, une religion monothéiste, un point c’est tout. Le problème est, particulièrement en Europe, que de nombreux Juifs ont perdu la foi ou n’ont jamais cru en Dieu mais continuent à se définir comme juifs. Comment l’expliquer ?
A la différence du christianisme ou de l’islam, la religion juive n’est pas prosélyte : les juifs ne cherchent pas à convertir les non-juifs à leur religion.[1] Car il s’agit, selon la bible, de la religion d’un peuple et non d’une religion universelle. Il y a donc, dans ce cas, un lien fort entre sentiment d’appartenance religieuse et sentiment d’appartenance nationale ou communautaire. Et si, dans de nombreuses familles juives, les parents voient encore d’un mauvais œil leurs enfants se marier avec des non-juifs, en Europe, c’est souvent plus parce qu’ils redoutent la disparition de leur communauté culturelle que celle de la religion que, souvent, ils ne pratiquent que très peu ou pas du tout. Même si tous ont conscience, dans une mesure variable, que la religion et l’hébreu ancien, langue sacrée, sont les seuls éléments culturels communs aux Juifs du monde entier.
En Europe, le sentiment d’appartenance à une « communauté de destin » a été considérablement renforcé du fait des persécutions et du génocide commis par les nazis et leurs alliés. Rappelons que les nazis ne considéraient pas les Juifs comme les adeptes d’une religion particulière mais comme les membres d’une « race inférieure » particulièrement nuisible. Cependant, leurs critères raciaux pseudo-scientifiques ne permettant évidemment pas de déterminer qui était juif, les nazis se basèrent, pour ce faire, sur les registres des consistoires[2] israélites ou sur des listes de membres d’associations juives, religieuses ou non. Etait de plus considérée comme juive toute personne dont les parents ou les grands-parents étaient eux-mêmes considérés comme tels.[3] Les persécutions antisémites concernèrent donc une population bien plus large que les seuls Juifs religieux. Ceci explique pourquoi, aujourd’hui encore, de nombreux agnostiques et athées, nés après la Deuxième Guerre mondiale, vivent intensément leur appartenance à cette communauté juive, en tant que descendants de personnes persécutées parce que désignées comme juives par les nazis et leurs complices. L’auteur de ces lignes en est un exemple.
Si, dans cet article, le nom « Juif » est écrit avec un « j » majuscule c’est donc parce qu’il y est question de l’ensemble des personnes se considérant comme juives, qu’elles soient croyantes ou non.
Sionismes
Pour « Le Petit Robert » le sionisme est un « mouvement politique et religieux, visant à l’établissement puis à la consolidation d’un Etat juif (la nouvelle Sion) en Palestine » [4]. Denis Charbit a réuni dans un volumineux ouvrage de nombreux écrits et discours émanant de penseurs et de dirigeants sionistes.[5] S’y manifeste à la fois la diversité de la pensée sioniste mais aussi ce qui fait son unité : « Le programme commun admis par tous les courants dits sionistes découle en premier lieu d’une affirmation de principe essentielle : les Juifs constituent une nation. » Sur cette base, le sionisme « se résume, toutes tendances confondues, par :
1) L’aspiration au rassemblement national des Juifs sur un même territoire.
2) La revendication d’« Eretz Israël »[6] comme le lieu unique, nécessaire et désirable, de ce rassemblement (…).
3) La revendication d’un régime d’autonomie la plus large possible afin de permettre aux Juifs de déterminer leur destin collectif.
4) Enfin, l’adoption de l’hébreu comme langue de communication quotidienne entre les Juifs installés en Palestine »[7].
Je fais mienne cette définition résumée.
Notons cependant qu’aujourd’hui, de nombreux partisans déclarés du sionisme le présentent comme le « mouvement de libération nationale du peuple juif ». Sur base d’une telle définition, tout opposant au sionisme peut être taxé d’antisémitisme puisque opposé à la « libération des Juifs ».
Antisionismes
Le Petit Robert ne comporte pas de définition de l’antisionisme.[8] On peut tout de même déduire de la définition qu’il propose du sionisme que l’antisionisme serait l’opposition au « mouvement politique et religieux, visant à l’établissement puis à la consolidation d’un Etat juif (la nouvelle Sion) en Palestine ».
Les sionistes définissent en général les antisionistes comme des partisans de la destruction de l’Etat d’Israël. Mais qu’entendent-ils par là ? Que les opposants au sionisme veulent « jeter les Juifs (israéliens) à la mer » comme on l’entend souvent dire ? En réalité les choses sont plus complexes.
Exemples :
Dans son programme politique de 1969, le Fatah, parti dirigé par Yasser Arafat, prônait la fin de l’Etat d’Israël et son remplacement par un Etat palestinien « indépendant et démocratique dont tous les citoyens, quelle que soit leur confession, jouiront de droit égaux ».[9] Ceci signifiait une acceptation des Juifs établis en Palestine en tant que communauté religieuse mais non en tant que nation.
suite ici :
-----------
Pro-israéliens et plutôt néo-conservateurs, deux éminents professeurs de sciences politiques américains, décident d’étudier un sujet tabou, le lobby pro-israélien.
Malgré l’avalanche de critiques et d’insultes leur livre s’impose comme un évènement.
Chaque année, Israël continu de recevoir 4 milliards de dollars d’aide américaine, entre 1972 et 2006 Washington a opposé son véto à 42 résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU qui critiquaient le politique israélienne. Pourquoi ?
Un reportage avec Giv Anquetil
Etats-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou (1)
----------
Etats-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou (2)
----------
Etats-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou (3)
-----------
Etats-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou (4)
-----------
Au nom de Jésus, gardez Gaza !
Nouvelle diffusion du reportage de Daniel Mermet et de Giv Anquetil.
Voyage en Terre Sainte, avec des chrétiens sionistes venus des Etats-Unis pour soutenir Israël.
---------
Etats-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou (5)
Dernier épisode du voyage aux Etats-Unis autour du lobby pro-israélien.
Aujourd’hui, l’importance des chrétiens sionistes à l’intérieur de ce très puissant lobby et l’influence de cette force électorale que sont les chrétiens sionistes.
Un reportage avec Giv Anquetil
--------
Autour du même thème
-------
Shlomo Sand : Comment le peuple juif fut inventé
Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel Aviv, Shlomo Sand est l’auteur d’un livre détonnant qui remet en cause la politique identitaire de son pays, Israël.
L’auteur y remet en question l’origine du peuple juif et démontre comment celui-ci fut inventé sous la plume d’historiens juifs du XIXe siècle.
Paru au printemps 2008 en Israël, "Comment le peuple juif fut inventé" y est rapidement devenu un best-seller et donna lieu à des débats orageux qui ne manqueront pas de se poursuivre en France, à moins qu’il ne soit passé sous silence par nos hardis hommes médiatiques...