je vais essayer de vous donner quelques arguments de plus concernant l’explosion de la centrale de Tchernobyl qui est un phénomène soviétique avant d’être un phénomène « atomique ».
Les réacteurs RBMK sont des réacteurs qui sont faits pour fabriquer du plutonium militaire et de l’électricité accessoirement.
Ces réacteurs RBMK sont modérés au graphite (qq centaines de tonnes de graphite), Le graphite..cela brûle très bien et dans l’explosion de Tchernobyl cela a eu une grande importance.
Les RBMK n’ont pas d’enceinte de confinement à comparaison d’un REP français c’est la comparaison entre un autocar « sans carrosserie » et un autocar « avec » carrosserie".
Les RBMK utilisaient un combustible faiblement enrichi à 1,7% (alors que les REP utilisent du 4% d’enrichissement), ce qui dans la configuration du réacteur conduisait à un « coefficient de vide positif ». Ce qui traduit en Français se comprend par : si l’eau (fluide qui sert de transfert de chaleur) se transforme en vapeur par échauffement et bien la réacteur nucléaire s’accroît..plus ça chauffe et plus ça chauffe..Alors qu’un REP français au contraire si cela fait de la vapeur dans le réacteur la réaction décroît.. (coefficient de vide négatif).
Pour comprendre encore mieux le fonctionnement d’un réacteur il faut savoir que l’on envoie un neutron sur un noyau fissile comme de l’uranium 235 (celui qui a été enrichi). A ce moment le noyau va se séparer grossièrement en deux pour former des produits de fission et émettre en moyenne 2,7 neutrons pour un neutron reçu. Les neutrons produits vont à leur tour communiquer la fission, c’est la réaction en chaîne. mais si le phénomène en restait là il n’y aurait que possibilités avec ces « neutrons instantanés » soit c’est l’explosion nucléaire telle une bombe si la divergence est grande soit c’est l’étouffement de la centrale et l’arrêt du réacteur s’il n’y pas eu assez de neutrons. Alors il se passe un phénomène très curieux et essentiel à la maîtrise de la fission nucléaire : les produits de fission vont émettre dans les quelques dizaines de secondes ce que l’on appelle des « neutrons retardés ». Et c’est grâce aux neutrons retardés que l’on va pouvoir piloter une centrale en restant dans un fonctionnement de sécurité.
Dans le cas des RBMK de l’époque, avec faible enrichissement, il y avait une faible production de neutrons retardés à basse puissance. A basse puissance on disait que le réacteur était instable. Une instabilité à basse puissance, vous connaissez, vous essayez de démarrer une voiture à l’arrêt en ayant enclenché la 3èùe vitesse.. ou elle part en faisant un bond ou bien le moteur cale. ca c’est une instabilité.
Ensuite de quoi pour contrôler le réacteur il y a des barres de contrôle, en gadolinium, en nitrure de bore , en europium suivant les cas. Tous des matériaux absorbeurs de neutrons pour rendre la réaction sous critique. Un RBMK, de mémoire devait fonctionner avec environ 240 barres de contrôle et il était interdit de descendre à moins de 32 barres dans le réacteur. Ces barres sur les RBMK sont motorisées avec un petit moteur et pour injecter une barre dans le réacteur ça prend environ 30 secondes. En France les REP, les barres chutent par gravité en qq secondes. les barres du RBMK avaient un embout en graphite, c’est à dire qu’au début de l’insertion de la barre, au lieu de ralentir la réaction nucléaire ça commençait par l’accélérer.. Vous conduisez votre voiture et en appuyant sur le frein ça commence par accélérer la voiture... Un « must ».
Ca c’était pour les idées au niveau du matériel. Maintenant un jour, les gens de la centrale ont reçu un ordre d’essai en provenance du ministère de la défense de Moscou. L’essai demandé préconisait de vérifier si l’on pouvait faire repartir les pompes de circulation d’eau primaire et relancer le réacteur dans le cas ou :
- disjonction du réseau
- disjonction de circuit électrique de contrôlé commande. Et repartir en utilisant l’énergie cinétique contenue dans le turbo-alternateur, qui lui est une grosse pièce mécanique qui tourne à 3000 tours/minute pour du 50hertz. Simulation d’une situation accidentelle très curieuse.
Dans la pratique une telle configuration ne peut se produire que dans le cas d’une « impulsion électromagnétique nucléaire » IEMN. C’est une situation de guerre (nous étions en pleine guerre froide). Une explosion nucléaire ç haute altitude va provoquer un plasma qui va s’expanser rapidement. Le plasma est conducteur de l’électricité, dans la haute atmosphère, comme au sol il y a le champ magnétique terrestre. Un conducteur électrique qui se déplace dans un champs magnétique crée un courant électrique. Dans le plasma il va se produire donc un courant. ce courant très rapide et très intense va produire des inductions électriques qui vont provoquer des sur-intensités sur les réseaux électriques et de télécommunication, mettant en carafe tous les réseaux en question.
Donc l’essai demandé était un essai de défense passive en prévision d’une guerre directe.
Mais un réacteur nucléaire ce n’est pas une mobylette on ne peut pas faire n’importe quoi. C’est un bon char à boeufs qui tire sur le réseau. Si le réseau, le timon du char, se met à lâcher, le turbo-alternateur va s’emballer puisqu’il n’aura plus rien pour le freiner. Il faut absolument éviter cela. Pour éviter cela, automatiquement au mieux d’envoyer la vapeur vive à la turbine on va contourner la turbine et envoyer cette vapeur au condenseur qui est sous la turbine.
Le problème c’est que la vapeur vive va être aux environs de 70 bars et arriver sur un condenseur qui lui est bien refroidi vers 25°C et est en dépression par rapport à l’atmosphère. le condenseur n’aime pas du tout cela. Et si le condenseur n’arrive pas à refroidir cette vapeur, sa pression va monter et des ouïes de sécurité vont claquer. Il faudra deux jours pour que tout cela refroidisse suffisamment et pour que l’on puisse venir remplacer les ouïes de sécurité.
Mais les opérateurs qui ne sont pas nuls que cela, savent bien tout cela. Ils savent aussi que le turboalternateur ne va pas continuer à tourner tout seul sans entraînement pendant deux jours, ils savent qu’ils disposent de seulement quatre heures avant que le turboalternateur ne s’arrête.
Ce « détail » sur le fonctionnement d’un réacteur, le gars du ministère de la défense de Msocou n’en savait rien du tout, il a demandé cela comme un militaire à la c..
Mais les opérateurs n’avaient pas le choix, il devaient faire la manip, sinon c’était le goulag ou assimilé. Il devaient montrer cette grande victoire de la technologie soviétique qui aurait aider le pays encas de guerre avec l’Ouest.
Alors ils ont triché, ils ont voulu descendre la puissance, de telle façon à réduire au minimum la pression et la température de la vapeur devant arriver au condenseur. Tout cela pour avoir une chance de ne pas faire claquer les ouïes et essayer de passer. de toutes les façons à grande puissance ou a petite puissance l’énergie cinétique contenue dans le turbo-alternateur est toujours la même puisqu’elle se mesure en fonction de la vitesse de rotation qui elle est constante. Donc ce n’était que tricher à moitié de ce point de vue. mais c’était une tricherie complète qui rendait l’essai non significatif, car dans un cas de guerre réel la grande probabilité de l’IEMN aurait été de se produire en régime normal du réacteur donc à régime max.
Pourquoi ont-ils attendu la nuit pour faire cette manip ? Tout simplement parce que l’URSS vendait du cournt électrique à l’Autriche. Autriche qui est antinucléaire depuis longtemps mais qui ne dédaigne pas acheter du courant nucléaire. D’ailleurs c’est ce qui a retardé ensuite la fermeture des autres réacteurs de Tchernobyl, car l’Autriche achetant toujours du courant électrique à cette centrale en « devises fortes », l’Ukraine a voulu conserver cette rentrée de devises le plus longtemps possible..
Mais revenons au 26 Avril 1986. L’heure de pointe en Autriche est passée, la centrale de Tchernobyl ne sera pas appelée ce soir là en renfort du réseau électrique autrichien. Ils vont être libre de leur action et vont pouvoir faire leur manip.
La baisse de la puissance se fait difficilement, la situation est complètement instable. Des transitoires de niveau et de débit déclenchent des alarmes, le réacteur se rebelle contre la préparation de la manip.
Par six fois les opérateurs vont passer derrières les baies de contrôle pour court-circuiter les sécurités.
Mais il faut en finir, la puissance est trop basse, il s’étouffe, il faut remonter un peu la puissance. Ils ont un « empoisonnement xénon » il faudrait attendre un peu pour que le l’empoisonnement disparaisse, mais on est pressé car cela va être les congés des fêtes du 1er mai, et certains gars de l’équipe doivent partir en vacances dans quelques heures. Donc on va remonter des barres pour accélérer le redémarrage du réacteur. Et on remonte des barres, finalement il n’en reste plus que sept dans le réacteur. D’un seul coup le chef se rend compte qu’il est interdit de laisser moins de 32 barres dans le réacteur. Il appuis sur le bouton « chute de toutes barres, arrêt d’urgence ». les petits moteurs se mettent en route. le coup d’accélérateur à la ré-entrée des barres, l’explosion s’est produite 22 secondes après l’ordre d’insertion de toutes les barres. Des secondes chères !! pour le moins.
Toute cette histoire m’a été racontée par mon amis l’Académicien Baryakhtar qui était président de l’Académie des sciences d’Ukraine et en charge des problèmes de remédiation des conséquences de l’explosion.
A la suite de l’explosion, comme conséquence légale il y a eu un procès et le directeur de la centrale a été condamné à 10 ans de taule.
Mais en fait le directeur était en place en vertu d’un « dirigisme démocratique » propre au système communiste. Il était à la fois nommé par le « Parti » et élu par les « prolétaires » c’est à dire tous les employés de la centrale. Il était le patron de la centrale mais il était également le patron du kolkhoze vivrier,de la porcherie modèle, de la maison de la culture, du jardin d’enfants..etc... L’activité de la centrale n’était pas le premier de ses soucis. Ca donc c’est aussi typiquement soviétique dans la structure de responsabilité.
Par contre le gars qui a demandé / signé l’ordre d’essai, celui qui à la base n’y connaissait rien à rien.. Et bien de celui-là on n’a jamais parlé. protégé par le « secret-défense » aucune commission d’enquête soviétique ou internationale n’a jamais demandé à le voir.
Les écolos n’ont jamais pensé à lui demander de rendre des comptes et à l’interviewer au moins. Mais les écolos anti-nucs ânonnent des dogmes sans chercher à comprendre. Et il est de leur intérêt de répéter que Tchernobyl est une affaire nucléaire avant d’être soviétique...
Maintenant certains vont trouver que mes explications sont « sans fondement »... Ils peuvent toujours le dire..
24/04 06:43 - Bernard 05
Ne soyez pas ridicule. Vous dites « gigantisme » pour une centrale de 12 MW. Comment (...)
21/04 12:48 - Gui
Ps : EDF- l’état vient de promettre une enveloppe de 109 Millions d’euros au (...)
21/04 12:11 - Gui
Quel drame cette politique énergétique française ... Pour « notre » indépendance énergétique, (...)
16/04 15:31 - olivier cabanel
bernard 05, le mot concentration ne me gene pas, c’est le mot gigantisme qui me gène (...)
16/04 15:07 - taupe13
Je suis bien placé pour parler d’ITER... pour résumer c’est un programme de (...)
11/04 07:09 - Bernard 05
@Jonathan Malentin Entièrement d’accord avec vous, à la virgue près, sur vos trois (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération