Le repérage ethnique passe mal auprès de toute une partie qui se veut éclairée de l’opinion française. Néanmoins la France n’est pas le centre du monde et beaucoup de pays qui sont aussi des sociétés démocratiques libérales le pratiquent.
La France elle-même a décidé dans un cas très particulier, celui de la Nouvelle-Calédonie, de recenser les habitants en fonction de leur appartenance ethnique. Si l’on veut en effet promouvoir l’ascension des Kanak (selon l’orthographe désormais conscrée) au sein de la société néo-calédonienne, il faut bien être capable de les identifier.
Lors de son dernier séjour sur la Grande-Terre, J. Chirac a créé une certaine émotion en déclarant à l’emporte pièce que cette pratique était contraire aux principes républicains et n’avait plus lieu d’être.
En métropole, le recul de l’égalité des chances (repéré par exemple par les résultats obtenus par les candidats originaires des différentes catégories sociales aux concours d’entrée dans les grandes écoles) amène de plus en plus de gens à admettre - contre les réflexes acquis - qu’une dose de discrimination positive (à l’entrée dans ces écoles, à l’embauche, etc.) serait indispensable pour rétablir un peu l’équilibre et donner plus de courage et d’ambition aux jeunes appartenant aux catégories culturellement défavorisées.
L’origine ethnique est un critère, certes imparfait, pour cerner ces catégories. Il devait être combiné avec d’autres.
Quant au repérage des délinquants, il aurait le mérite de lever toute ambiguïté. Aujourd’hui, faute d’information précise, on peut être tenté d’imputer sans preuve un délit à une communauté qui n’y est en réalité pour rien. Et s’il s’avère qu’une communauté est effectivement plus « criminogène » qu’une autre, cela permettra de mieux orienter la politique de prévention.
En tout état de cause, une société qui préfère se voiler la face que de proclamer la vérité n’est pas entièrement démocratique. Cela témoigne d’un mépris du citoyen, de sa capacité à raisonner froidement sur des faits.
Enfin, croire que le repérage ethnique renforcera le communautarisme est une aberration. Il y a au contraire un enchaînement vertueux : repérage des handicaps des communautés ; action pour les réduire (discrimination positive et tout ce qui peut renforcer l’égalité des chances) ; intégration des-dites communautés.