bonjour masuyer,
je suis d’accord avec vous.
mais il m’étonnera toujours que des personnes qui se disent « hautement civilisées et porteuses de la lumière de l’intelligence mondiale », puissent haïr les autres en raison de leur origine ethnique, leur couleur de peau, leur religion ou leur façon de vivre...
ils se dépêchent de faire l’amalgame sur le fait que le mal vient toujours de l’autre, et l’accablent de mille maux de peur de se mettre à apprécier « l’étranger ».
en faisant des recherches sur le net pour comprendre, j’ai découvert plusieurs textes et 2 fables, que je porte à votre réflexion. mais je crois, qu’à part ceux qui peuvent raisonner sans colère et frustrations, les racistes moyens de service n’en tireront aucun bénéfice.
il est intéressant de noter que certains textes sur le besoin d’avoir un bouc émissaire, est en étroite relation avec la perception de sa propre puissance sexuelle.
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Pour René Girard [1], au commencement de toute société, il y a la violence. Pour lui, cette violence est fondée sur le désir mimétique, c’est à dire l’imitation : nous ne désirons que ce que l’autre désire. Girard explique notamment que le moteur des choix que nous faisons dans le cadre de la société de consommation est ce besoin d’imitation qui nous désigne ce que nous devons désirer ou non. La globalisation amplifiant bien évidemment ce phénomène. Ce désir mimétique serait à l’origine d’un cycle infernal produit par l’escalade du désir concentré sur un même objet causant un antagonisme contagieux et délétère. En outre, le mimétisme questionne la singularité des êtres et peut déstabiliser quelque peu la construction identitaire.
Par ailleurs, Girard explique que l’ordre social est fondé sur la différence, à chacun sa place, sa fonction. Le désir mimétique met à mal cet ordre social : lorsqu’un certain seuil d’indifférenciation est atteint, il conduit à la violence et menace de détruire le groupe, la société. Pour l’auteur, la société moderne vit une crise d’indifférenciation généralisée : fin de la différence entre les peuples, les classes, les rôles, les sexes... La question fondamentale qui se présente donc à toute société est de canaliser le désir mimétique et la violence qu’il entraîne. C’est la que le bouc émissaire va jouer son rôle. Il va permettre de transformer cette violence auto-destructrice de « tous contre tous » en une violence de « tous contre un » fondatrice d’un nouvel ordre et d’une paix sociale. Le sacrifice du bouc émissaire va arrêter la crise.
(...)
Afin d’expulser cette violence intestine, le bouc émissaire doit correspondre à certains critères. Premièrement, il faut que la victime soit à la fois assez distante du groupe pour pouvoir être sacrifiée sans que chacun ne se sente visé par cette brutalité et en même temps assez proche pour qu’un lien cathartique puisse s’établir (on ne peut expulser que le mal qui est en nous...). Aussi, le véritable bouc émissaire de la tradition hébraïque est à la fois différent par sa qualité d’animal et semblable par son caractère domestiqué. Deuxièmement, il faut que le groupe ignore que la victime est innocente sous peine de neutraliser les effets du processus. Troisièmement, le bouc émissaire présente souvent des qualités extrêmes : richesse ou pauvreté, beauté ou laideur, vice ou vertu, force ou faiblesse. Enfin, la victime doit être en partie consentante afin de transformer le délire de persécution en vérité consensuelle.
Au cours de l’Histoire des hommes, les exemples ne manquent pas d’atrocités qui furent perpétrées selon le processus décrit ci-avant, un des paroxysmes étant ce que l’on a appelé la Shoah. L’Allemagne nazie s’est notamment construite sur l’idée que toutes les souffrances que son peuple devait endurer depuis la fin de la première guerre mondiale étaient dues à un complot planétaire dont les Juifs étaient les principaux instigateurs. Dans l’entre deux guerres, l’Allemagne est le théâtre d’une crise économique grave, de tensions sociales exacerbées et de débordements de violence qui mènent le pays au bord de la guerre civile. Dans ce contexte, cette violence intestine va être redirigée vers des boucs émissaires tels que les homosexuels, les communistes, les Tsiganes et vers les Juifs. Ainsi, ces derniers sont à la fois pareils (Allemands, Polonais, Hongrois, Français,...) et différents de par leur judaïté, la propagande nazie leur attribue des qualités extrêmes telles que la cupidité et la malignité (les opposant ainsi à la prétendue race aryenne supérieure), cette même propagande conforte la population allemande dans l’idée que les Juifs ne peuvent par définition pas être innocents. Quant au consentement partiel des victimes, cette condition ne joue pas quand on atteint un tel degré d’horreur et de barbarie indicibles : un génocide. Ici, la violence est légitimée par un racisme d’Etat : violence encadrée, méthodique, industrielle. Le mécanisme du bouc émissaire est au cœur de la déshumanisation.
(...)
En conclusion, il semble clair que notre société a tendance à apaiser ses tensions internes en jetant l’anathème sur des boucs-émissaires désignés. Les immigrés, leurs descendants et les étrangers sont les figures classiques et idéales du bouc émissaire. Ces mécanismes de désignation du coupable ont comme inévitable corollaire le développement des racismes interpersonnel et institutionnel. L’Histoire nous a montré à maint reprises combien ce processus est pervers et dangereux. Il peut entraîner les hommes dans une spirale de violence ô combien mortifère. Cela est très inquiétant si l’on considère que Girard semble affirmer que c’est un mécanisme « normal » de résolution des tensions, que les sociétés ont depuis toujours fonctionné de la sorte. Dès lors, il est délicat de répondre à la question de départ : « Les communautés peuvent-elles s’en passer ? ». Malheureusement, cette inquiétante interrogation reste en suspend. Toutefois, une lueur d’espoir pointe sur le constat plutôt pessimiste : pour Girard, une dernière condition pour que le mécanisme du bouc émissaire fonctionne est qu’il doit rester caché. Dès lors, pour lutter contre ce procédé injuste et le racisme qui en découle, il est du devoir de toute personne conscientisée de les dénoncer, de faire la lumière sur les falsifications de la vérité, de combattre toute forme de haine et de stigmatisation sous peine de voir la barbarie marquer à nouveau l’Histoire humaine de son empreinte !
[1]
René GIRARD : philosophe, archiviste, paléographe, professeur de
littérature française. A notamment écrit : « La violence et le sacré »,
Grasset, 1972, Paris et « Le bouc émissaire », Grasset, 1982, Paris.
Toutes les informations à propos de René Girard et son œuvre sont
issues des articles publiés sur les pages web suivantes :
http://www.philo5.com/Les%20vrais%20penseurs/24%20-%20Rene%20Girard.htm
http://www.philophil.com/dissertation/autrui/1_bouc_emissaire.htm
http://home.nordnet.fr/  ;jpkornobis/Girard/frontiere1a.html
http://home.nordnet.fr/  ;jpkornobis/Girard/TextesGirard1.htm
http://polaristo.com/jfpelletier/doctorat/047.htm ainsi que de
l’article : « Le bouc émissaire », Marie-Claude Lavallée in Vies à
vies, volume 13, numéro 4, Mars 2001, Université de Montréal, Québec.
(...) 1 - La présence de l’étranger est vécue comme une invasion et une intrusion. La mise en danger de sa propre identité devient une obsession dominante. Face à cette crise, les moyens les plus extrêmes d’opposition sont bons. On peut aller jusqu’à rejeter toute considération morale. Non seulement la violence est justifiée, mais elle est rationnalisée en autodéfense.
2 - La menace qui émane de l’étranger est ressentie dans le corps. Sa force est inacceptable et se dresse sur notre chemin. « Qui sommes-nous donc, pour nous laisser ainsi acculer dans un coin » ? Sommes-nous donc des « pauvres types » ? Si la faiblesse physique revêt une connotation sexuelle, le racisme est lui aussi souvent associé à la sexualité, aux peurs, aux interdits et aux vantardises qu’elle engendre. Ceci doit être mis en relation avec le fait que la perception de soi des humains est influencée de façon non négligeable par leurs fantasmes. Le « petit macho »
qu’il soit valet ou intellectuel, riche ou pauvre — redoute le concurrent qui le fait paraître impuissant.
3
- Le raciste se considère cependant, comme un « précurseur », qui rend
attentif à la portée réelle de relations sociales qui ne sont pas
encore perçues dans leur totalité. Ce sentiment est souvent couplé avec
l’idée de la conspiration. La menace est représentée comme générale :
nous, les nationaux, vivons des circonstances sociales très graves qui
justifient le repli sur quelques revendications fondamentales. Qui ne
voit pas le danger, qu’il soit individu ou nation, est évidemment
stupide, décadent et doit être tiré au plus tôt de son sommeil. Il faut utiliser pour cela des moyens guerriers : coups de feu, tumulte, feu et tempête. Il faut mettre en marche un détonateur ! Comme les responsables sont des corrompus, c’est le peuple qui doit se faire justice lui-même.
4 - La voix du peuple s’impose grâce à quelques témoins privilégiés. Ce sont ceux qui se sentent menacés dans leur identité et qui ne croient pas en « l’habit à la dernière mode » des Droits de l’Homme, du cosmopolitisme et de la « co-citoyen-neté avec les étrangers ». L’étranger reste l’étranger. Et nous sommes nous. Paradoxalement, cette même égalité — condamnée — est utilisée à l’égard des étrangers, qui sont complètement dépersonnalisés. On ne parle pas d’individus, de leurs particularités et de leurs spécificités culturelles, mais on les désigne comme des ensembles, des « masses » (« les » Russes, « les » Tamouls). Cela permet de faire l’économie d’une analyse différenciée des souffrances, du sort et des formes de vie, et empêche du même coup d’entretenir des rapports de familiarité avec eux.
5
- Quelques-uns se prétendent « vigilants » et ne s’en laissent pas
conter. Ils ont, intuitivement, des certitudes. Au premier coup d’œil,
ils reconnaissent les méchants et le mal. Ils ne nourrissent aucun
doute, ils n’ont pas de complexes et balaient toutes les instances
inhibitrices qui pourraient freiner leur action.
6 - Les activistes racistes sont une minorité, ce qui ne les trouble guère et les conforte plutôt dans l’idée que les courageux sont toujours en minorité. Mais seuls, ils ne sont rien. Il y a chez eux le sentiment que de grands bénéfices et des espoirs de rédemption les attendent, après que la société aura été délivrée de ses éléments décadents : du travail pour tous, le « sentiment du nous » (Wir-Gefùhl) retrouvé, la solidarité, la justice, la patrie et la vertu.
Ces six points font déjà apparaître que le phénomène de la haine de l’étranger en appelle à un mélange étroitement imbriqué de peurs, d’incitations, d’idées et de sentiments qu’il transforme en éléments de mobilisation politique, économique, sociale, psychique, consciente et inconsciente, physique et spirituelle, culturelle, ethnique et religieuse.(...)"
je vous invite à lire la suite de l’article sur le site :
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure (1).
26/04 16:11 - claude
ps : page à consulter : Famous Gypsies Artists, Writers, Scientists, Actors & Actresses, (...)
26/04 15:59 - masuyer
Bois-Guibert, tss tss tss. Qui a parlé d’hôpital psychiatrique. Je ne suis pas très (...)
26/04 15:44 - Bois-Guisbert
Me suis-je bien fait comprendre ? Absolument ! A la soviétique, je dirais ! Asile (...)
26/04 15:39 - claude
@ jack nico menaces physiques ??????????? je n’ai fait que parler de renvoyer les (...)
26/04 15:28 - masuyer
Bois-Guibert, En revanche, on déplorerait l’extermination supplémentaire de dizaines de (...)
26/04 14:55 - Bois-Guisbert
Quant à mon »égalitarisme« , je ne le prend pas comme une injure, d’ailleurs s’il (...)
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