« Pirater encourage l’achat de CD » : ce ne sont pas les pirates qui le disent mais les études scientifiques. Et encore la manière dont vous présentez le résultat est fallacieux. La vente de musique marche avec le « social proof » ou en français l’effet « mouton de panurge ». Donc si un artiste n’est jamais écouté, personne n’achètera son disque. Les disques sont donnés gratuitement au critiques de disques, pour qu’ils en parlent dans les journaux. Au delà d’un certain point, c’est bien entendu contre productif. Mais c’est sans doute la faute au major, comme dit plus bas.
« Pirater est un moyen de lutter contre la mauvaise répartition des
profits » : le but des évolutions technologiques a toujours été de réduire les coûts, et donc de se débarrasser des intermédiaires. « Pirater » en lui-même ne lutte pas contre cette mauvaise répartition (votre présentation est encore une fois fallacieuse), mais une rétribution forfaitaire, par l’intermédiaire de sites privés ou pourquoi pas, la « licence globale » est un moyen de contrer le piratage et rend inutile la HADOPI.
« Les CD sont hors de prix » : maintenant un ordinateur regroupe le rôle d’une radio, d’une télé, d’un magnétoscope, d’une console de jeu vidéo, du minitel, etc... et ce ne sont pas des « milliers d’euros », mais au maximum 500 tout compris (écran, unité centrale, clavier, souris haut-parleurs). Maintenant, il est très facile de trouver le TOP 40 UK ou US des albums en P2P. En téléchargement légal, cela représente 400€. Une clef MP3 ou un IPod peuvent contenir environ 8 Go : cela représente 1 600 titres, et donc 1 600€ à l’unité : on est loin du prix de l’IPod seul !
« L’artiste ne touche qu’un euro par CD » : une offre forfaitaire pourrait permettre à un artiste de s’autoproduire. Encore une fois, une évolution technologique élimine forcément des intermédiaire : un programme de mixage rend inutile l’achat de matériel électronique couteux, Internet rend inutile tout le réseau de distribution du disque (ce qui n’est pas forcement un mal d’un point de vue écologique) et les grandes surfaces du disque.
« De toute façon, je n’aurais pas acheté » : de mon jeune temps, la méthode de piratage était d’enregistrer à la radio plusieurs fois le même titre, pour rassembler les morceaux où l’animateur ne parlait pas, et où il n’y avait pas de jingle de la radio. Il y a toujours eu des méthodes pour éviter d’acheter.
« Il ne restera que les vrais artistes » : vrai ou faux artiste : c’est une question de goût
« Les concerts assurent un revenu aux artistes » : vous voulez compenser les pertes sur les ventes de CD, avec les places de concert... A condition de vouloir absolument faire vivre le même nombre de personnes sur le dos d’un artiste : ce qui n’est plus possible effectivement.
Le seul moyen de contrer le piratage, est bien de mettre au point une offre forfaitaire intégrale : des sites avec l’ensemble de tous les titres existant, même si les ayant-droits n’arrivent pas à se mettre d’accord, (comme dans le cas des Beattles : l’exemple où ils sont parmi les plus écoutés en MP3 (selon last.fm), alors qu’aucune offre légale n’est disponible). Mais ces sites ne doivent pas se contenter de proposer des titres ; ils doivent penser à des services autour de la musique, qu’ils seraient les seuls à pouvoir proposer, puisqu’ils sont les seuls autorisés à proposer la musique sur un site centralisé (en opposition au P2P). Quelque pistes :
- blog de critique sur de la musique écoutable entre membres
- découvertes selon les goûts
- playlists personnalisables
Le rôle du législateur doit être de mettre en place des lois forçant les majors à vendre à de tels sites, si elles n’y viennent pas toute seule... car un tel système marchera uniquement s’il y a une concurrence seine entre les revendeurs ; les sites proposant légalement la musique. Jusqu’à maintenant, les majors sont restées assises sur leur position dominante, poussant les autres acteurs du marché à refuser tout offre forfaitaire. L’offre forfaitaire est de toute façon inévitable, comme ça le fut pour le cinéma depuis plusieurs années.