Merci tout d’abord pour votre lecture de cette longue revue.
En effet, j’instruis essentiellement à charge, d’une part parce que le gouvernement se charge de soutenir le projet, d’autre part parce que je ne vois pas grand chose à soutenir dans l’HADOPI. C’est un projet dont les artistes ne sont qu’un alibi et dont ils ne tireront pas grand chose, une mauvaise réponse à un vrai problème.
Effectivement, je n’ai pas abordé la question très légitime du revenu des artistes. Desproges disait sans complexe que l’artiste vend du rire. Promis, si l’HADOPI est rejetée, j’essayerai de creuser la question. Mais je peux d’ores et déjà vous donner des pistes.
Il est sans doute capital de ré-équilibrer le rapport de force entre majors et artistes. Les clauses léonines que j’évoquais au §3, qui conduisent les artistes à ne toucher qu’une infime partie des revenus qu’ils génèrent, sont scandaleuses. Bien sûr, il s’agit d’un relation contractuelle privée, mais ce n’est pas en confortant le monopole des majors que l’on va rééquilibrer la relation au profit des artistes. Déstabiliser les majors, c’est permettre aux artistes de reconquérir leurs droits.
Ainsi que je le rapportais au même chapitre, le net offre des possibilités inédites pour les artistes de s’autoproduire (cf Nine Inch Nails), de se faire connaître (cf la chanson du dimanche) ou de gagner de l’argent avec le P2P (cf Mininova). Tous les liens sont dans le chapitre 3/6.
Il faudrait aussi s’intéresser à la ventilation des revenus de la « taxe sur la copie privée » payée sur chaque support vierge (CD, disque dur, clé USB, ...), collectée par les pouvoirs publics... qui ont donc une large marge de manœuvre pour organiser une redistribution plus équitable en direction des artistes.
Il y a le spectacle vivant, actuelle principale source de revenus des artistes (puisque les majors leur reversent si peu sur les ventes de disques). Bien sûr, ça oblige à mouiller le maillot mais aucun piratage ne viendra jamais interférer avec cette source là.
Enfin, il y a la piste de la licence globale, mais encore faudrait-il qu’elle profite plus aux artistes que la taxe sur la copie privée, qui est déjà une taxe globale qui ne dit pas son nom.
D’une façon générale, je pense que le sort actuel des artistes connus est plutôt enviable (et ce sont globalement les mieux lotis qui se plaignent le plus), que le sort des artistes méconnus ou à découvrir a plutôt à gagner du piratage mais sera aggravé par l’HADOPI.
Suivez les liens du chapitre 3/6 pour plus de détails.