Le péripate
« le système d’assurances santé américain, seul une partie est privée, l’autre est publique, »
Je vous corrige, il existe un embryon de système d’assurances santé
publique aux E-U. Cela dit, il pourrait prendre de l’ampleur grâce au Président Obama.
La concurrence ?
La concurrence n’est pas efficace dans le domaine de la santé. Je passerai sur le fait que la concurrence induit des coûts
supplémentaires (publicité, communication) et réduit les économies
d’échelle. Le véritable problème c’est que dans un système de prétendu « libre choix », la vérité c’est les personnes à risque ne peuvent plus s’assurer ou alors à des prix dissuasifs. Et même si on est assuré, on n’est pas tranquille. On ne compte plus les contentieux aux Etats-Unis où des personnes assurées par des mutuelles privées ne sont pas remboursées lorsqu’elles attrapent des maladies nécessitant des traitements lourds et de longue durée.
« certains font le calcul qu’il est plus rentable de ne pas prendre d’assurances. Ou est le problème ? »
C’est là qu’on voit que vous n’avez pas compris le principe de la Sécurité Sociale.
Le principe, c’est que tout le monde puisse être couvert, et pour cela il faut que tout le monde participe. J’explique : bien sûr que pour de nombreuses personnes, il semble plus rentable de ne pas prendre d’assurances. Je pense même que c’est mon cas, je n’ai pas de problèmes de santé, pas de problèmes de vue, je suis jeune, je ne bois pas, ne fume pas, et j’ai la chance de n’avoir encore jamais été hospitalisé. Bref, je ne coûte pas grand chose à la sécu. Et dans mon cas, certainement qu’une assurance privée me reviendrait beaucoup moins cher.
Le problème, c’est que tout le monde n’a pas ma chance. Si tous les gens qui ont la chance d’être bien portants retirent leurs cotisations de la Sécurité Sociale, qui reste-t-il ? Uniquement ceux qui ont eu la mauvaise idée d’être handicapé, ou gravement malade. Et le système s’effondre...
Et les gens qui se disent, alors qu’ils sont encore relativement jeunes et en bonne santé : « oh ! je vais faire des économies en ne payant pas mes cotisations à la Sécu », non seulement ils commettent une faute morale (même si personne n’est plus là pour leur rappeler aujourd’hui), mais ils pourraient bien déchanter le jour où ils commenceront à avoir des soucis.
« 50%, c’est très exagéré. »
Dépenses de santé aux EU : environ 16% du PIB.
En France : 11 %.
Ce sont les chiffres que vous contestez ? Je rappelle que à ce prix là, plus de 40 millions d’américains n’ont pas de couverture santé, que les chiffres de mortalité infantile aux EU sont les parmi les plus élevés des pays de l’OCDE et l’espérance de vie l’une des plus faibles (or les dépenses de santé augmentent de façon presque exponentielle à partir d’un certain âge).
Du coup cela répond à votre remarque :
« rien n’oblige à un système unique dont il est impossible de connaître la performance, faute de concurrence. »
Avec 30 % de dépenses en moins, on assure un service de meilleur qualité qu’aux Etats-Unis. ça devrait suffire non pour évaluer la performance ?