Dans de nombreux pays (y compris aux Etats-Unis, où la constitution originelle est largement détournée), il est difficile de ne pas se réclamer d’une religion.
Cette liberté d’appartenir, ou de ne pas appartenir, à une religion, est un acquis important du modèle laïc, qui sépare le fait religieux, qui relève de la sphère privée, du fait politique, qui relève de la sphère publique.
On ne peut que partager une partie importante du constat de l’auteur sur l’intolérance et, pire, le désir d’asservissement des religions sur la base de dogmes largements dévoyés. Bien que l’auteur se concentre surtout sur l’islam et la contradiction de son dogme avec les valeurs laïques (alors qu’une interprétation de l’islam compatible avec la laïcité est parfaitement possible, le coran étant largement ouvert aux interprétations), il est aussi utile de regarder l’incroyable impact des religions dans les conflits, qu’ils soient passés ou présents.
Pour ne prendre que l’islam, les croyants de cette religion tuent et massacent infiniment plus de leurs coreligionaires que de non-musulmans, sous des prétextes religieux mais qui bien sûr représentent des luttes de pouvoir internes. On retrouvera de telles luttes violentes au sein de l’hindouisme (et entre hindouisme et islam), là aussi pour des raisons de luttes d’influences. La plupart des guerres de religions entre chrétiens ont eu pour raison ces luttes pour le pouvoir, et la pénétration du boudisme en Asie s’est accompagnée de luttes de pouvoir parfois sanguinaires. Dans une certaine mesure, les combats menés par l’Etat d’Israël ont aussi pour fondement des éléments religieux (pas uniquement bien sûr).
Plus loin dans l’histoire, les religions ont toujours été liées au pouvoir et à l’influence d’une caste sur une population. Et le dogme des religions a ainsi été façonné de façon à justifier cette recherche du pouvoir.
Pour autant, on ne peut pas non plus nier l’influence parfois structurante, voire éthique des religions. Ainsi, dans le moyen-orient du VIIème siècle, l’islam représentait un progrès considérable en matière de justice sociale pour une partie importante de la population. Et l’on peut prendre un tel exemple pour d’autres religions.
Pour l’agnostique, au delà des abus évidents en matière de droit de l’homme que contiennent les dogmes de toutes les religions, la difficulté est aussi de différencier les fondements théologiques des différentes religions (pourquoi l’une serait elle porteuse d’un message plus « vrai » que l’autre ?), ce qui disqualifie ces religions dans leur intention prosélyte.
Quant à l’athée, son droit à ne pas croire est souvent remis en question dans la mesure ou les religions souhaitent imposer à l’ensemble d’une population (et non seulement à ses croyants) un ensemble de dogmes et pratiques.
L’immense qualité du modèle laïc est ainsi de déconnecter le fait religieux de la sphère publique, même si cette déconnection est combattue par l’ensemble des religions sans exception, car elle permet la coexistence des différentes religion et la possibilité de ne pas y adhérer. Ce modèle, remis régulièrement en cause y compris en France, devrait être défendu de façon plus vigoureuse et étendu dans l’intérêt de tous. Hélas, mis à part François Bayrou et quelques leaders de la gauche, ce n’est que rarement le cas, et l’on peut donc effectivement craindre que ces « guerres de religion » ne se poursuivent largement dans ce siècle.