J’aime beaucoup votre réponse, Arthur, cette fois-ci. Vous y cristallisez deux questions effectivement essentielles, à mon avis :
1. L’art et le sacré. Non à ce romantisme qui sied la plupart du temps aux plus mauvais ou orgueilleux artistes. Effectivement, c’est un travail... comme un autre. Un écrivain, par exemple, est un artisan. Les plus grands artistes ne se considéraient pas autrement, savaient relativiser leur travail, justement, dans l’ordre du monde. Il y a d’ailleurs aujourd’hui une sorte d’enluminure de l’image de l’artiste (du chanteur de salle de bain, du comédien qui a eu un peu plus de chance qu’un autre...) qui demeure dans la manufacture des spectacles plus ou moins médiocres qu’on nous propose.
2. Du coup la question n’est pas seulement celle du rapport Etat/Capital/Art. C’est celle de l’Etat en tous les domaines, mais donc, aussi, dans le domaine des travailleurs artistiques... Alors, effectivement, un mécénat étatique paraît peu excitant, à première vue. Mais c’est que ses formes sont à inventer. Et l’Etat doit garantir l’indépendance même de la création à l’égard de ses propres politiques. Voilà le point essentiel. En définitive, un peintre ou un écrivain doivent pouvoir dans cette société disposer d’un statut comparable à celui d’un mathématicien universitaire, par exemple. Ce qui suppose aussi, en contre partie, que l’artiste fasse preuve d’un travail réel... Pour ne pas retomber dans l’adolescentisme subventionné, entre deux joints, d’un ’’je suis artiste, tu sais...Un jour je le prouverai.’’
F.