à Paul Villach
Avez-vous fait trois ans de prison vous-même ? Vous me répondez comme un pilier du Café du Commerce qui estime que seules les victimes peuvent parler de justice.
D’ailleurs votre article et la plupart des commentaires sont empreints de ce même populisme qui, réclamant sans cesse plus de répression, s’en prend habituellement aux juges parce qu’ils seraient trop cléments avec les criminels et qui trouve dans l’affaire Outreau une occasion unique pour brandir le drapeau de la liberté.
Mon propos n’était pas de défendre l’instruction menée par le juge Burgaud.
Je voulais seulement souligner que l’affaire d’Outreau s’explique avant tout par l’invraisemblable pression qui s’exerce de toutes parts sur la Justice dés qu’un crime grave est commis dans ce pays
Il est trés facile, aujourd’hui, de dénoncer le juge Burgaud. Mais auriez-vous écrit cet article quand la Voix du Nord présentait chaque jour les inculpés d’Outreau comme des monstres ?
Comment s’étonner qu’un juge y regarde à deux fois avant de mettre en liberté des personnes accusées de pédophilie lorsque le président de la république, les ministres, les syndicats de policiers, les associations de victimes, les médias etc.. mettent systématiquement en cause la personne du magistrat dés qu’un individu relaché par la justice commet un méfait ?
Nous en sommes arrivés au point qu’aujourd’hui, en France où la sacro-sainte sécurité est devenue la valeur suprême, il est plus grave de relacher un coupable que d’enfermer un innocent.
Etonnez-vous aprés que les juges, qui ne vivent pas hors du monde, agissent en conséquence...