Gazi,
« Quant à la langue... L’hébreu actuel est une création totalement artificielle, comme le turc parlé en Turquie depuis Mustafa Kemal. »
Comme le Grec moderne... ou le Gaelic irlandais tel qu’il a été reformaté pour être langue officielle de l’Eire. Ou le Hindi et l’Ourdou, langues officielles de l’Inde et du Pakistan, reformatés pour correspondre au nationalisme musulman ou hindou de ces deux pays.
Je suppose que vous estimez que la formule « l’an prochain à Jérusalem » est simplement un effet de rhétorique, ou un rappel nostalj’ ? Les foyers nationaux envisagés ailleurs qu’en Terre Sainte n’ont jamais tenu la route - et on imagine les problèmes résultant de l’installation de Juifs en Ouganda ! Très tôt le projet palestinien s’est imposé comme une évidence, d’autant que des communautés juives, dont on sousestime systématiquement l’importance, perduraient depuis toujours.
Reste bien entendu la tragédie consistant à lutter pour la primauté sur une terre où les deux communautés auraient pu s’entendre et prospérer - comme vous le savez, les sionistes des années 1900 se divisaient en orientalistes et en européistes. Et les chefs palestiniens de ces années-là, opposés à ce qu’ils percevaient comme une menace mortelle, étaient d’autant plus inquiets qu’ils reconnaissaient que la revendication nationale juive n’était pas une création ex nihilo ni un simple effet de la colonisation. Voyez notamment de Walid Khalidi « The Book of Zionism or the Question of Zionism of Muhammad Ruhi al-Khalidi » (Beirut-Institute for Palestine Studies 1988).