Ma réaction d’humeur est d’ailleurs due essentiellement au problème du droit des auteurs à vivre d’une création reconnue et admirée. Ni Hadopi ni le système actuel ne sont satisfaisants.
Je crois aussi qu’il faudrait un système d’éducation artistique, quelque chose qui aide à promouvoir un cinéma et une musique de qualité. Certains producteurs de cinéma ont permi certains films parcequ’ils tiraient leur fierté du fait de produire des chefs d’oeuvre,mais ce n’est pas vraiment la politique des studios depuis le début des années 1980. Pareil pour le classique, il a d’une certaine maière fallu qu’à une époque certains dirigeants des compagnies soient des mélomanes enragés pour sortir certains albums.
Un exemple:avant les bouleversements du 18ème siècle, il y avait un modèle économique pour la musique en Europe. Les musiciens d’Eglise et ceux (moins nombreux) de cours étaient rémunérés pour leurs fonctions. Ils étaient relativement libres artistiquement, avec un bon équilibre entre la liberté et les contraintes (jouer pour les fidèles ou les princes), ce qui a évité des catastrophes comme celle d’une partie de la musique contemporaine. Ils faisaient connaître leur musique au public, lors des offices religieux ou de la vie de cour, dans les cafés plus tard,...
Non seulement les musiciens vivaient de leur art, mais cela a fait que la musique savante et la musique populaire s’interpénétraient et s’influençaient. Le public avait une éducation musicale de qualité, il pouvait se former l’oreille quasi quotidiennement. Je donne cet exemple seulement pour montrer que c’est d’un système aussi équilibré dont on aurait besoin aujourd’hui.
Je me contenterai d’évoquer quelques hypothèses. Un mécénat étatique puissant serait une bonne chose. Des structures qui permettraient faire découvrir des oeuvres méconnues, du style de certains discaires spécialisés ou de la librairie indépendantes seraient les bienvenues. Il faudrait repenser aussi la question des supports physiques. Je crois qu’un nouveau système de diffusion de la culture pourrait faire beaucoup en matière musicale, en permettant de produire facilement et à faible coût.
Même dans mon premier billet, je n’ai de toute façon jamais défendu l’industrie du disque, qui vend encore les CD à 700 MO encodés en WMA (comment faire plus dépassé techniquement ?). J’obtiens le même résultat sonore (totalement identique) en gravant des DVD en FLAC (mais 12 CD tiennent sur un DVD). Les supports physiques resteront encore un moment, car il y aura toujours du monde pour souhaiter garder à long terme certaines oeuvres. L’auteur de l’article parlait de ses vinyles, c’est le genre d’exemple où une structure plus ou moins publique pourrait aider à la culture en facilitant la production de ce support, avec par exemple un système qui autoriserait les particuliers à se faire regraver gratuitement en microsillon des oeuvres dont ils ont acquis les droits d’utilisation. On pourrait aussi rééditer tellement de choses avec un système de ce type.
Des systèmes de mécénat, de soutien à la création devront quand même se méfier de certains écueils, même si ceux ci sont majoritaires. Par exemple, certains secteurs bien subventionnés du cinéma français sont dans une sorte de ghetto auteurisant, qui n’aboutira jamais à rien artistiquement. Ecouter la musique Boulez (bien soutenu par l’IRCAM) est une expérience que je souhaite à peu de monde (encore que les goûts...)