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Commentaire de Halman

sur L'intolérance à la douleur


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Halman Halman 9 mai 2009 10:51

Raz, vous décrivez une réalité que certains ne veulent pas voir mais qui est bien forte.

Les gens ont beau savoir que vous avez eu infarctus+dépression+diabète, ils vous voient au travail même si c’est à mi temps thérapeutique, même si pour faire un dixième du travail que vous faisiez avant il vous faut 3 jours pour vous en remettre, ils vous disent « oh mais t’es guéri alors ! »

Alors qu’on est bourré de médicaments, que les effets secondaires à vie font souffrir et épuisent pour le moindre geste, qu’on se prépare longtemps à l’avance avec vitamines, jus de fruits, litres de thé pour se remettre un peu en forme rien que pour aller changer un clavier de l’autre côté de l’hôpital, que même pour changer un loggin on se pose sur une chaise épuisé pour reprendre un peu de forces pendant une minute.

Mais les gens vous voient relativement en forme un quart d’heure de temps en temps et concluent que vous allez bien alors que vous êtes perclus de douleurs et que chaque pas vous coûte et vous épuise.

Et quand on leur explique nos problèmes on se prend des « oh mais dis nous quelque chose de gai des fois ! »

Alors on se tait, on souffre en silence et c’est la boucle. On ne dit rien alors les gens pensent qu’on va bien.

Et un jour on s’écroule.

Et ils sont étonnés « ah mais tout à l’heure il m’a fait rigoler ».

Quant aux mi temps thérapeutiques, aux congés longue maladie cela n’est pas éternel. Vous n’y avez droit qu’à un certain temps. Et il faut bien reprendre le travail. Et les collègues et les drh ont la comprenette difficile à l’épuisement et à la souffrance. On se crève à remettre quelque chose en place, à refaire une base de données monstrueuse, des documents inexistants, un service en place mais non on se prend des « cool Raoul devant votre ordi M. H..... » par une jeune drh de 30 ans qui sort à peine de l’école.

Alors on ne s’étonne plus que 3 collègues par an se suicident aux médicaments.

Et on ne vous apprécie, on ne vous sourit, on ne vous parle, on ne vous convoque en réunions que lorsque vous avez fourni un boulot de dingue. Et quand vous êtes épuisé à vômir et que vous prennez des jours, on ne vous parle plus, on entend des « mais y’en a marre de ce service d’handicapés ».

Et il faut refaire ce travail épuisant non seulement de se reconstituer soi même et de reprendrer ses marques avec les collègues et avec le travail, mais en plus attention avec le sourire ! Surtout ne pas avoir l’air fatigué, ne pas faire la tête même si vous vous tenez au mur même pour aller manger !

Et ils ne comprennent plus qu’on ai des moments de dépressions parce qu’on ne supporte pas d’être devenu l’ombre de soi même, on entend des « il est encore en train de chialer ».

Et on leur balance des « faites bien attention à votre santé ! C’est facile quand on va bien ! »

Et on se retrouve mis dans le panier des antipathiques.

Seul et unique moyen de s’en sortir : se défoncer au boulot. Même si on est malade à en vômir, alors là on vous reconsidère. Là seulement.

Et quand la réglementation le permet, ils ne comprennent pas qu’on se barre vivre avec les petits droits de handicapés. On se prend des « vous voyez bien qu’il attendait que ça de rien foutre, de se barrer avec son argent ! »

Alors que le moindre effort pour déplacer un écran ou une imprimante vous donne mal à la poitrine pour 3 jours.

Malgré qu’on leur explique tous les détails de votre souffrance 20 fois par jours.

Alors on comprend pour la 100000 fois que tant qu’ils ne sont pas malades eux mêmes ils ne peuvent pas comprendre, que c’est dans la nature humaine de ne pas comprendre tant qu’on y est pas confronté soi même.

Les gens ne veulent voir que ce qui va bien, et se bouchent les yeux à la moindre souffrance de l’autre.

Il y a beau avoir des ergonomes et un médecin du travail, rien que pour commander un logiciel et un clavier pour mal voyant, c’est le parcours du combattant qui dure des mois, voire des années. Il faut en passer par des associations spécialisées, des réunions dont la drh se fout royalement, expliquer aux collègues que leur voisine de bureau doit prendre telles genres de précautions et que non ce n’est pas une emm***se qui a ses manies et ses petites habitudes.

Alors que tout ceci devrait être tellement naturel.


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