L’impuissance des grandes puissances, occidentales notamment, dans cette partie du monde, notamment en ce qui concerne le triangle d’or et les dictatures, est stupéfiante. Une partie de la jeunesse occidentale en paye le prix. Jeunesse que l’Occident ne sait plus comment élever. L’âme de l’Occident en paye le prix, quoique on en pense. Car l’humanité se caractérise justement en ce qu’elle a une âme et qu’elle ne répond pas seulement à ses besoins organiques. Concernant Total, la Birmanie a du pétrole, la main-d’oeuvre esclave fournie par la junte ne peut être moins chère. Voire ! N’est-il pas possible à Total, un peu à la manière de Schindler (« la liste de Schindler ») d’utiliser cette main-d’oeuvre un peu moins gratuitement, mais au bénéfice moral aussi de ces esclaves et de leurs familles ? L’humanité se diffuse aussi. Elle ne procède pas que par le pouvoir. Mais par l’exemple, par exemple. Toujours quant à l’attitude de Total vis à vis de la Junte, n’est-il pas possible, sans rompre les liens, de les rappeler à leur humanité, de quelques manières qu’on pourrait peut-être trouver ? Et de faire évoluer les choses. AUNG SAN SUU KYI est une femme admirable. Ses amis de son parti sont héroïques. D’ores et déjà toutes ces personnes détiennent une richesse intérieure, une harmonie intérieure, dont les nombreux complices de la junte ne peuvent que soupçonner l’existence, eux qui désespèrent du monde et ne voient aucun horizon qui pourrait les racheter, en dépit de leurs avoirs secrets disséminés un peu partout (les paradis fiscaux aussi) pour pouvoir être récupérés quand sonnera leur glas. La géopolitique est la « réal politique ». Soit ! Mais rien n’empêche nos machiavels gouvernementaux, industriels, financiers, de faire preuve d’un peu plus d’intelligence pour négocier avec le diable. Ou ses créatures, les créatures victimes de la félicité qu’il y aurait de dominer son entourage, de mépriser toutes ces gens, ces populations, apparamment incapables de mordre comme elles. Il y aurait les fauves et les autres. Mais le fait qu’on en viendrait pas à bout, de ces résistants tout à fait suicidaires, n’arrange rien. Quelle espèce est-elle celle, qui est entre les loups et les moutons ? Des bourreaux finissent parfois par se suicider, alors qu’ils ne risquent rien existentiellement, sinon une promotion garantie et une retraite discrète et privilégiée : ce fut le cas de quelques bourreaux staliniens ayant participé à l’éxécution de l’élite polonaise, durant la Seconde guerre mondiale. Les cas du grand Staline n’est pas triste, mort seul et après de nombreuses heures, parce que son entourage avait peur de pénétrer dans ses appartements, ce qu’on ne faisait qu’en en recevant l’ordre. Une fin à la shakespeare. Sans doute que le temps résoudra, comme toujours, ce qu’il serait impossible de faire aujourd’hui. C’est sur des considérations de ce genre que l’humanité continue à rester d’une médiocrité affligeante. Si le mépris est largement partagé, le courage est rarissime. L’intelligence aussi, ne serait pas excessivement partagée. Car l’intelligence aussi ne va pas sans courage. Y compris de se bruler. D’une certaine manière le Christ est crucifié tous les jours. Pour sauver l’humanité il faudrait qu’elle admette que c’est de son ressort, personnel.