Quand j’étais jeune, une paille et
deux fétus, nous étions en moyenne une 40taine par classe, et pas
vraiment des chérubins harpistes. Loin s’en faut.
Déjà à l’époque, il y avait le fils
du maçon italien, celui du platrier espagnol, du portuguais au
métier imprononçable, et
l’incontournable arabe dont le père était collecteur de l’impôt
FLN. Régulièrement, nous recevions des enfants de rémouleurs et
autres rempailleurs.
Autant dire que cela n’aidait pas à
maintenir la discipline. Pour corser le tout, l’indépendance de
l’Algérie , s’est soldé par l’apport d’élèves français, à part
(d’un tiers ou entière, selon les avis)
Nous avions droit à ¼ d’heure de
morale chaque matin, à savoir que faute avouée est à moitié
pardonnée, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, mais
personne n’y croyait à part l’ éternel fayot, et nous savions tous
, que les « traitres » intouchables et enrichis en
piochant dans les parachutages de la résistances le paieraient un
jour de leurs tripes à l’air.
Personnellement, je me souviens avoir
dit « la putain de ta mère » et mis des coups de pieds
dans les tibias de Monsieur E... , aprés qu’il m’ait giflé, pour
avoir mis un coup de poing à L... qui avait mis une punaise sur mon
banc avant que je m’assied.
Et j’étais de l’avis général un
gentil garçon !
L’enseignement était débile, nous
apprenions par coeur des leçons auxquels personne ne croyait,nous
étions indisciplinés,sauvageons avant la lettre, adeptes du mois de
Juin, en baignade au pont Dorieux quand la maison nous croyait à
l’école et l’école à la maison.
Nous étions rebelles contre l’ordre
établi, contre les flics, mais les maîtres d’école, mêmes
détestés n’en faisaient pas partis. Pourquoi ?
Quand j’étais petit, face à un grand
, la menace consistait à en appeler à son frère, et en dernier,
à son père. Menace uniquement verbale, sauf à risquer la raclée paternelle due au dégonflé.
Il y a peu encore, dans le pire des cas, l’élève en
appelait à des copains de l’extérieur.
Que s’est il passé pour que l’élève
se sente capable de faire le poids face à un adulte, il n’y guère
encore intouchable (sauf exception), en raison de son statut de
Maître ?
Si l’on convient que l’élève ne s’est
pas grandi au niveau de son Maître, on doit admettre que le Maître
s’est rabaissé ( ou qu’on l’a rabaissé), consciemment ou pas, et , cause ou conséquence, a
abdiqué devant l’élève.
Nous savions déjà , à mon époque,
que l’éducation était au service des puissants, mais l’autorité
parentale était intacte, et régulièrement les baffes nous
remettaient sur la « voie de la raison ».
Les parents d’aujourd’hui, ne sont plus
l’ Autorité. S’ils sont précaires, et c’est la majorité, ce sont
des looser sans envergure, sous diplômés, même pas indispensables
pour qu’une mineure obtienne sa pilule du lendemain.
Bon, je veux bien croire que
l’immigration soit un facteur aggravant, mais si des gosses poussent
sans tuteurs, c’est bien parce que l’éducation a aidé à la taille.
C’est dommage qu’une enseignante le
paye de sa personne, mais ce serait pire, que l’on n’en tire pas les
leçons qui s’imposent.