Puisque vous persistez, je vais en faire de même : votre incompétence en tant qu’économiste fait honte à toute la profession. J’espère pour vous que vous avez trouvé un petit boulot pépère (genre Maître de Conf’ dans une petite fac de province) parce que dans le privé vous ne survivrez pas 5 minutes. Certains clients me demandent souvent pourquoi je n’embauche jamais d’économistes formés en France dans mon cabinet de conseil ; je vais leur envoyer vos articles, ils comprendront immédiatement pourquoi.
Pour commencer, mesurer l’impact sur le PIB ne veut strictement rien dire, ce qui compte c’est l’impact sur le PIB par habitant. Vous a-t-on jamais enseigné la différence entre les deux ? Cas d’école : si le PIB par habitant des nationaux est le double de celui des immigrés, cela relativise fortement l’impact positif de l’immigration. A moins d’accepter, comme vous le semblez le faire, que les immigrés soient des citoyens de seconde zone condamnés aux boulots que les nationaux ne veulent plus faire.
Ce qui m’amène à mon second point : parler de l’immigration comme d’un phénomène en soi ne veut strictement rien dire ; faire venir des immigrés pour le plaisir de faire venir des immigrés n’a pas le moindre sens, pas plus d’ailleurs que fermer les frontières pour le plaisir de fermer les frontières. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir 1 million d’immigrés, ou 3 millions ou 10 millions ; non, ce qui compte, c’est avant tout ce que les vrais économistes appellent le stock de capital humain, autrement dit le « stock » de compétences et de bonne santé que chacun apporte à l’économie. Autre cas d’école : si vous ouvrez les frontières uniquement à des vieillards ne sachant ni lire ni écrire, l’immigration ne vous apportera absolument rien et vous coûtera même très cher ; si au contraire, vous accueillez uniquement des jeunes, qualifiés dans leur domaine, l’immigration sera très bénéfique.
Le Canada constitue de ce point de vue le meilleur exemple d’une politique d’immigration censée et viable à long terme, ce qui explique que ce soit une destination aussi demandée malgré un climat pour le moins hostile. Une ville comme Toronto est peuplée pour moitié d’habitants qui ne sont nés hors du Canada et tout se passe très bien car tout le monde travaille dans le même sens. La politique menée par la France est quant à elle vouée à l’échec car, en créant une société à deux vitesses entre les nationaux et les immigrés, elle engendre beaucoup trop de tensions sociales, qui finiront tôt ou tard par dégénérer.
Dernier point : je ne pouvais quand même pas laisser passer votre titre sans réagir, d’autant plus que je vous ai déjà épinglé sur ce sujet lors de votre article précédent. Vous ne pouvez pas, sur la base des chiffres que vous avancez, affirmer que les immigrés contribuent positivement à la croissance française. Rien, absolument rien dans vos chiffres ne fait référence à la croissance. Une fois de plus, vous prenez ouvertement vos lecteurs non avertis pour des cons en jouant sur la confusion largement répandue entre niveau de revenu (mesuré par le PIB par habitant) et croissance de ce même revenu (mesurée par la variation du PIB par habitant d’une année sur l’autre). Le fait d’avoir des opinions tranchées ne vous dispense pas de rester honnête et de faire votre boulot correctement.