@ Ka
Bien sûr Ka, le communautarisme n’est pas une exclusivité de ceux qui ne sont pas français « de souche ». Quand j’avais vingt ans j’ai fait un peu de voile. Mais j’en ai eu rapidement marre d’entendre les marins parler toujours de leur bateau, de la mer, d’un winch, d’un bordé qu’ils avaient fait pour rentrer dans un port. J’ai fait aussi de la spéléo et je n’ai jamais pu me résigner à adhérer à un club. Peut-être ai-je eu tort de me priver de l’expérience des autres, cependant, quand j’allais passer deux ou trois jours dans une grotte, je vivais cette expérience par tous les pores de ma peau, mais en sortant j’avais envie de parler d’autre chose, de politique, d’art roman, de la mer, des bateaux...
La France est sans doute le pays qui, à ce jour, s’est métissé le plus. Bien sûr, c’est bien connu, un tel phénomène est plus facile en ville qu’à la campagne : toujours des histoires du regard de l’autre. Mais aujourd’hui, on entend trop d’histoires de mariage forcé, de rapt de jeunes filles enfermées au bled par les familles, on entend trop d’histoires de voile à l’école, de problèmes dans les hôpitaux, d’économie souterraine pour continuer de demander toujours plus de compréhension à une population qui reçoit peu de gratification en échange.
On parle d’accès au travail pour tous. Beau discours. Mais quel travail ? Franchement, quand je vois la tronche et la façon de s’exprimer de certains jeunes qu’on fait passer à la télé, je me dis que si j’étais patron je ne les ferai jamais rentrer dans ma boite... Pas par racisme, mais par souci d’efficacité. Ce n’est pas à un patron de faire de l’éducation d’un jeune qui n’a rien dans sa tête. Le phénomène n’est pas une exclusivité des jeunes issus de l’immigration. Autrefois, dans les villages on réservait des métiers de cantonniers ou de gardiens pour des gens meurtris par la vie (ou par leur famille) et dont on savait qu’ils ne pourraient jamais prétendre à d’autres postes. Autre exemple : si je tenais un salon de coiffure, ou toute activité en contact avec une clientèle quelconque, j’éviterai aussi d’engager une fille d’origine maghrébine ou turque de peur de la voir arriver un jour avec le voile et de faire fuir tous mes clients. Est-ce du racisme. NON ! Mille fois, NON ! C’est du bon sens, de la logique. Quand on demande à un vendeur de Century 21 d’avoir une veste jaune, on peut exiger aussi d’une vendeuse de ne pas porter le hijab devant les clients.
Tout ceci fait bien évidement monter un sentiment de rejet. Je pense qu’il indispensable que les musulmans réfléchissent sereinement à cet état de fait et qu’il commencent à tenter d’apporter des solutions concrètes et non des mots (souvent entachés de double langage).
Tu dis que les mères n’ont pas pu apprendre. Tu as raison, il y avait le boulot, la fatigue, mais aussi l’enferment culturel. Je t’ai donne en exemple la famille que je connaissais à Nice et la réaction quand j’ai amené la mère visiter l’église russe.. Mais on devrait parler surtout du déficit culturel entretenu par tous ceux qui montrent à leurs enfants qu’ils sont là en transit pour tirer le maximum d’argent de la société française et construire des tas de maisons qui restent vides au bled. 1,2 milliards d’euros par an (officiels - on peut compter largement plus du double en réalité), rien que pour les Marocains. Et c’est argent ne sert à rien au bled...
Tu parles de la réticence des Français « qui ne voulaient pas comprendre les différences ou accepter cette présence étrangère » mais c’est faux. Longtemps les Français ont accepté cette présence, tant qu’elle a représenté un pourcentage acceptable pour la société. Mais peu à peu, les Français « de souche » comme tu les appelles ont eu le sentiment d’être submergés par des familles qui étaient là pour tirer le maximum d’avantages sans réel désir d’intégration. Et ça, c’est la faute au regroupement familial fait sans contrepartie éducative. J’ai connu à Nice des femmes qui allaient voir l’assistante sociale avant de partir en vacances au bled et qui obtenaient une aide... Tu crois vraiment que les gens qui ont du mal avec leur fin de moi et qui (comme ma mère) ont mis un point d’honneur toute leur vie à ne rien demander aux autres, peuvent regarder ça sans se laisser aller peu à peu à un sentiment de rejet.
Alors oui, quand on voit la place qu’occupent les femmes dans le document d’AC le feu, on se dit qu’ils n’ont encore rien compris aux problèmes de notre société, et qu’au contraire leur attitude risque de les aggraver. Bien sûr « peu d’hommes dans les banlieues se soucient réellement du sort des femmes et de la place qui leur est faite dans la société » comme tu le dis. Mais est-ce qu’on ne retrouve pas là, une fois encore, un problème culturel. Tu sais très bien qu’au Maroc c’est pareil. Et le regard de bêtes lubriques que les garçons portent sur les filles dans ce pays n’est combattu par personne. C’est donc qu’au niveau éducatif on en prendra encore pour, au moins, cinquante ans.
Pour ce qui est de l’Aïd el Kébir mon interrogation tien au fait que, des trois religions dites « du Livre », l’islam est la seule à ne pas avoir franchi le seuil du symbolique et je trouve ça effectivement archaïque. La notion de « sacrifice » est une notion antique, une pratique de nomades. Pourquoi ne pas franchir un jour le seuil et passer au symbole ? Comme il m’est arrivé de le dire parfois, nous, quand on fait la fête, on « égorge » une bonne bouteille de vin ou de champagne qui nous permet de jouir de « l’idée de rassemblement, de joie, de communion » dont tu parles. Je pense que les Hindous ont le même problème avec la plupart de leurs rites d’un autre âge, sans parles des vaudous, des animistes et du chamanisme en général.
En ce qui concerne les dépenses occasionnées au moment de l’Aïd, tu dis qu’on peut « sortir des chiffres similaires pour Noël ou d’autres fêtes ». Non. Bon nombre de familles fêtent Noël avec très peu d’argent : une volaille, une bûche, du mousseux, un sapin en plastique et quelques guirlandes... Bien sûr, depuis une trentaine d’années, Noël est devenu une affaire commerciale mais les parents ne sont pas tenus de dépenser des sommes folles pour la célébrer. Chercher un sapin, le ramener à la maison, trouver une bonne place pour l’installer, le décorer avec des boules et des guirlandes, voir les enfants s’émerveiller peu à peu de ce monde de lumière au plein cœur de l’hiver, c’est quand même différent que d’aller tâter les cuisses des moutons pendant quinze jours en essayant de déjouer les ruses des maquignons, d’en ramener un en l’exposant à tout le quartier pour montrer ses cornes, puis de l’égorger rituellement en obligeant l’aîné des garçons à bien suivre tous les mouvements du couteau car un jour, on lui demandera de prendre la relève...
Tiens, tu me fais souvenir d’une fête de Nouvel An que j’avais organisée il y a longtemps dans le massif de La Clape, près de Narbonne, avec des amis. Nous avions repéré une ferme abandonnée sous les pins, dans la montagne, avec vue sur la mer. Nous l’avons nettoyée de fond en comble, puis chacun de nous est venu avec des éléments de décoration : tables, fauteuils, tapis, rideaux, tableaux, chandeliers, vases, etc et nous lui avons redonné vie pour une nuit. Le soir nous avons fait un bon repas avec deux lièvres que nous avions fait rôtir sur un vieux tournebroche à ressort. Il y avait des verres et des carafes en cristal. Un peu d’argenterie et de procelaine. Je fumais une pipe qui avait appartenu à André Breton. A minuit nous nous sommes offerts des cadeaux. Mais nous avions fixé une règle : nous devions apporter un cadeau à chacun des participants mais sa valeur ne devait pas dépasser 10 francs. (On parlait en francs à l’époque). Par contre, au moment de la remise du cadeau, il fallait expliquer par un petit discours adressé à la personne concernée les raisons de notre choix. Dans la nuit, le rideau de velous que nous avions accroché à la porte d’entrée s’est entrouvert et une tête est apparue dans la pénombre. Muette. Les yeux écarquillés. C’était un homme comme nous sorti de nulle part. Nous étions aussi étonnés les uns que les autres. Mais le rideau est retombé. L’homme s’est enfoncé dans la nuit. Au matin, il y avait un coin de Méditeranée qui brillait entre les aiguilles de pin. Quelques bouffées de « marin », ce vent d’est qui aime se vêtir d’un peu de brume grise. Puis les pins ont secoués le bout de leurs branches pour chasser la nuit. On aurait dit que nous allions brûler dans un gigantesque incendie.
Tu vois, on peut « s’amuser » avec rien. Juste un peu d’imagination. Mais surtout, dans ce cas, c’était avec l’envie de faire quelque chose de différent des autres. Et c’est ce que je reproche aux fêtes musulmanes : l’obsession d’obliger tout le monde à faire la même chose au même moment. Le ramadan, l’Aïd. Tu as bien vu, au moment d’Achoura, les millions de petits djembés que les parents offrent chaque année aux garçons, et les millions de poupées hideuses qu’ils offrent aux filles...
Pour ce qui est de l’œcuménisme je vois que nous sommes d’accord. Mais, quand je m’interroge sur le fait de savoir s’il est « souhaitable que l’Etat impose aux professeurs d’enseigner à toute une classe qu’il est normal et valorisant d’égorger un mouton une fois par an... », ne crois pas que je délire. Je vais au bout de la logique du texte. A partir du moment où on demande à l’Etat de parler d’œcuménisme (qui d’autre à part des profs ou des éducateurs peut le faire - pas des flics quand même ?) il faudra donc bien que « l’intervenant », quel qu’il soit réponde à des questions concernant l’Aïd et, dans le souci de ne blesser personne, qu’il trouve des arguments justifiant cette pratique. Tu vois, on n’en sort pas...
Bien sûr tout ce qui vient des USA n’est pas à mettre à la poubelle, mais culturellement, je m’en méfie, et ces trucs de sorcières, de citrouille, de trolls (il y en a assez sur Agora) et d’elfes, je n’aime pas plus quand ce sont les Norvégiens qui m’en parlent.
La varappe c’est l’escalade des amateurs et c’est sympa parce que ça ne demande pas de spécialisation. La pétanque et le bridge sont deux sports qu’on devrait pratiquer plus souvent à l’école. Ils véhiculent plus de valeur de connaissance, de respect de l’autre, et d’affirmation de soi que bien d’autres sports qui reposent sur des règles primaires : être le plus fort avec ses jambes ou avec ses mains. Par contre, mention spéciale pour le rugby un « sport de gentlemen (je dirai d’intellectuels) pratiqué par des voyous »... Quand c’est bien joué, c’est sublime.
Bien à toi. Patrick Adam
14/12 18:26 - vigie
@ marie pierre Merci pour la mémoire de Patrick qui n’avait pas besoin d’être sali (...)
11/12 22:23 - liberté chérie
Plus d’articles de Patrick Adam, l’écorché vif ? Avait-il cédé aux lyncheurs qui (...)
11/12 14:18 - Josew
Je viens d’apprendre la triste nouvelle avec une grande peine... Patrick, puissent tes (...)
10/12 21:33 - Marie Pierre
@ Marsu, Ton message sera accepté, voici mon mail d’hier aux responsables et la réponse (...)
10/12 21:21 - ka
C’est cool Marsu, j’espère aussi qu’il sera accepté, ce sera j’en suis (...)
10/12 18:39 - wrisya
Bonsoir à Tous, Lorsque j’ai lu le post de Marsu sur le décès de Patrick Adam ça a (...)
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