Le parallèle avec Einstein est intéressant : Svante Arrhenius a découvert le réchauffement anthropogénique peu avant les célèbres articles d’Einstein de 1905. Comme Einstein, il n’a été entendu au début que par une poignée de collègues (pour la petite histoire il a eu aussi des problèmes avec Henri Poincaré, mais pas à ce sujet). Comme Einstein, sa théorie a resisté depuis à toutes les confrontations à l’expérience et à la contradiction. Comme Einstein, sa théorie est maintenant connue du grand public (ce qui ne veut pas dire comprise, appréciée ou acceptée). Et, comme pour Einstein, il a toujours eu de nombreux opposants, dont le profil psychologique est à peu près le même : ce sont des gens qui ne veulent pas que la théorie soit vraie, qui décident de passer le reste de leur vie à engendrer des arguments contre elle. Un scientifique normalement constitué ne décide pas ce qui est vrai, mais cherche à le savoir, et il n’utilise pas un flot continu d’arguments, un seul étant suffisant pour tuer une théorie. Pour la petite histoire encore, Haroun Tazieff disait que les émissions de méthane par les termites réchauffaient bien plus que le CO2, et il est mort convaincu que la terre ne se réchaufferait pas. Et elle s’est réchauffée, avec la perte de glace considérable qu’on sait au pôle Nord. Son grand ennemi Allègre dit maintenant que la fonte des glaces du Kilimanjaro est au bout du compte due à la dérive des continents...