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Commentaire de Laurence

sur Manifeste pour l'imprescriptibilité des abus sexuels sur mineurs


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Laurence 30 mai 2009 21:25

@ Le furtif,

Je souhaiterais reprendre vos arguments aux fins de mieux m’expliquer.

Je ne comprends pas que l’imprescriptibilité puisse relever de la loi du Talion, comme vous le mentionnez . Dans bien des pays, moult crimes sont imprescriptibles en raison de leur gravité. Si vous reprenez le début de mon article, j’ai tenté un hypothèse de compréhension pour les résistances de la France. Ceci explique mon parallèle avec Auschwitz (terme générique au sens d’Imre Kertesz).
En quoi déclarer l’imprescriptibilité pour tel crime est une vengeance ? Vous constaterez que jamais je n’ai fait mention des peines. Imprescriptibilité d’un côté, peines de l’autre au regard de chaque cas particulier et en respect du code pénal.
Je ne souhaiterais en rien m’ériger en juge ! On ne peut être juge et partie.

Le droit d’ester en justice sans délai de prescription répond à une spécificité des crimes intra-familiaux accessoirement (amnésie : si vous le souhaitez, je pourrai développer ce point) et principalement en raison de l’exceptionnelle gravité d’un acte considéré comme le tabou fondateur de TOUTE société humaine. Le seul universel. Je vous renvoie aux études de Levi-Strauss par exemple. Il y en a d’autres.
Force est de constater que le tabou universel ne mérite en France aucune reconnaissance à malgré son caractère majeur dans la constitution de toute société. Cela vous paraît-il vraiment cohérent ? J’avoue me perdre en conjectures. Vivons-nous encore sous le règne du pater familias ? La société française est-elle si conservatrice ?

Vous parlez de « parole amplifiée ». Je ne vous parle que de parole possible. Inutile qu’elle soit amplifiée. Entendue suffirait.

Vous dites également que le crime puni (je préfèrerai le terme « nommé ») par la loi ne fera pas qu’il soit mieux puni.
Je n’ai jamais parlé de punition. La décision de la peine ne peut et ne doit appartenir à la victime. En revanche, la reconnaissance du crime est une nécessité sociale. Et pour la victime, la certtiude qu’elle n’était pas coupable.
Personnellement, une condamnation symbolique m’aurait suffi. Je ne lutterais pas contre une honte et une culpabilité qui me pourrissent l’existence quand bien même la raison me fait dire que je n’ai pu violer mon père à l’âge de 5 ans et jusqu’à 17 ans. Pauvre homme ! Si la loi s’était prononcée (hors toute peine), je ne serais certes pas sereine, mais je trouverais un apaisement. Quand la loi est dite...

Comme vous le dites, OUI la société rend la justice et la dit.
Or, le viol d’un enfant que la loi vous somme de protéger (le vôtre) est une transgression de la loi. Et mérite audience et procès.

Comme vous le dites, OUI, la société rend la justice (pénale) pour elle d’abord et sa préservation. Or, ici, nous sommes, je l’ai dit, dans le viol du tabou fondateur et dans la destruction de la cellule familiale que certains veulent voir comme un pilier.

Comme vous le dites, OUI, le but de la justice pénale n’est pas d’apaiser la douleur. Mais NON, son but n’est pas d’empêcher que le crime soit commis. Son but est de sanctionner toute transgression de la règle écrite.
Je ne crois pas avoir écrit que je demandais ou j’espérais un apaisement de la douleur.
Je demande que les gamins d’aujourd’hui puissent être entendus dans leur besoin de justice lorsqu’ils pourront parler.

Je serais ravie de lire les réactions que vous insirent les miennes.


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