Le buzz médiatique concernant l’échange un peu vif entre Cohn-Bendit et Bayrou lors de l’émission de France2 relève clairement d’une instrumentalisation. Car pour un télespectateur qui n’aurait pas été prévenu de ce soi-disant clash, cette petite minute un peu vive serait passée totalement inaperçue par rapport aux plus de deux heures d’émission, très instructives
Pour le télespectateur, deux éléments forts se dégagèrent :
D’abord, l’isolement de la majorité présidentielle. Outre le fait que Monsieur Bertrand ait été très médiocre, incapable de proposer une vision pour l’Europe, et très embarrassé par les attaques des différents participants, je crois que jamais une majorité présidentielle n’a été si isolée. Par le passé, malgré la présence de listes concurrentes, le parti majoritaire été épaulé par d’autres listes, concurrentes pour les élections européennes, mais dans la majorité. Cette fois ci, le manque de partenaire est criant, et cela implique qu’à la fois pour l’Europe et pour la France, la « majorité » est sans alliés et représente à peine plus d’un quart de l’électorat.
Deuxième enseignement, positif celui-là, qu’il conviendrait de mettre en avant. Il existe sur l’Europe des convergences sur un arc gauche modérée, démocrates et écologistes, pour changer l’orientation de l’Europe. Même s’il existe des divergences naturelles (sur les frontières de l’Europe etc…), cela signifie qu’une majorité d’idée peut se dégager contre le modèle néolibéral actuel défendu par Sarkozy et Barroso. Et alors, l’électeur doit se poser la question du parti qui pourra le mieux porter ce changement au niveau politique : les Verts sont de faible influence politique en dehors de l’environnement, le PSE puissant mais divisé, Bayrou représente « l’ennemi à abattre » des défendeur de ce modèle…
Ce clash monté en épingle me semble bien anecdotique par rapport à l’essentiel, qui aurait dû être l’objet de l’analyse des journalistes. Quant aux sondages, une enquête ce matin de CSA indique le MoDem à 14% (+1) et les Verts à 11% (+2)... Là aussi, l’exploitation grossière de faibles variations, à l’intérieur des marges d’erreur, relève de la manipulation politique