Oui on peut comprendre qu’il ait un effet écrasant ce propos, et qu’il en devienne désagréable ou pire, insupportable, comme tout ce qui nous étouffe.
Et pourtant...
Pour ma part, je retiendrai que YAB nous offre avec « Home » des images de toute beauté, elles nous touchent forcément.
Cette beauté, on voudrait la conserver...pour nos instants les plus fragiles, nos instants de ressourcement, ceux-là, qu’on a à passer entre soi et soi et surtout peut-être, on voudrait la transmettre à nos petits enfants, on irait jusqu’à ne pas supporter l’idée que nos petits enfants en soient privés.
Au moment précis où on la contemple cette beauté, elle nous semble plus forte que nous...en un sens elle nous remet à notre place...n’est ce pas cela qu’il faut au fond ... que nous soyons remis à notre place. Pour cela, nous ne pouvons compter que sur nous mêmes. Les humains ont à se remettre eux-mêmes à leur place. Nous avons à nous remettre à notre place et seule une prise de conscience collective peut nous y aider, d’une façon indéniable, ce film y contribue.
La beauté ...c’est ce qu’on ne veut pas changer disait Simone Weil...Dostoïevski lui, disait que la beauté sauvera le monde...Ce film livre la nature dans sa beauté, il rend beau aussi ces centaines de millions de paysans qui travaillent sans énergie fossile. Il dit quelque part que la place où ils sont est plus juste que celle que nous occupons, nous occidentaux...en particulier quand nous sommes prisonniers d’un embouteillage ou anonyme à pousser le caddy dans ces rayons clinquants d’emballages, ou trop loin de nos enfants... Quand nous sommes dégoulinants de solitude, le coeur pris par rien, n’appartenant à rien.
Nous sommes à un moment crucial de l’Histoire qu’on le veuille ou non et ça c’est pas de la religion. Cette Histoire, elle ne se joue plus seulement entre les hommes et les hommes. Elle se joue aussi avec la nature, c’est à dire nous même appartenant au vivant, un nous-même dont on s’est bien trop éloigné.
RG