Un tyran, au sens grec (ancien), c’est un dirigeant qui a le pouvoir sans être passé par la légitimation dynastique (en général en le prenant par la force). Denys, tyran de Syracuse (l’homme de l’épée de Damoclès), a un fils (appelé lui aussi Denys), qui ne peut pas être appelé tyran, puisque son père lui transmet le pouvoir (et il se fera lourder au bout de quelques années). Notre Président est donc un tyran au sens antique, prétendument légitimé par une consultation populaire.
Consultation sur laquelle le peuple n’a en fait aucune prise, ni sur la date, ni sur le choix des candidats proposés, ni sur l’agenda médiatique de propagande qui découle. Au point où on en est, il vaudrait mieux adopter la formule du plébiscite (vous êtes pour ou contre moi ?), qui serait plus économique et plus claire.
En fait, une caste bien délimitée de politiciens professionnels choisit ses « candidats » à intervalles plus ou moins réguliers, nous les montre, nous demande de choisir parmi eux, puis nous explique que tout ça c’est nous qui avons décidé, et donc qu’on va être forcément d’accord avec eux. Du coup, après, ils font n’importe quoi, jusqu’à la prochaine mascarade.
De toute façon si un candidat ne passe pas, on nous le représentera jusqu’à ce que, par épuisement, on finisse par le laisser passer. De même si par malheur ou manque de bol, la réponse est « non », on va repasser le truc jusqu’à ce que ce soit le « oui » qui sorte.
A l’intérieur de la caste, il y a toute fois différents camps (factions, partis), c’est une tribu comme une autre, d’une remarquable unité malgré les divergences apparentes. Regardez nos fameux partis, paraît-il si différents : ils sont tous passés par les mêmes écoles (ENA...), viennent du même milieu social, se comportent pareil à la télé, etc. Ils pourraient tous passer chez Drucker, c’est d’ailleurs un bon indicateur de compatibilité à l’intérieur de cette tribu dominante. Vous trouvez que j’éxagère ? Imaginez Obama chez Drucker, vous verrez, il ne passe pas aux standards français. Ou Ahmaninejad, ou Angela Merkel, ou encore Omar Bongo, tiens.
En face du tyran, un prétendu contre-pouvoir, c’est-à-dire deux Chambres composées de membres de la même caste, joue à s’opposer, plus fréquemment courbe l’échine devant le nouveau Maître - en espérant avoir un bout du gâteau le prochain tour. Donc, pas de contre-piuvoir, mais un co-pouvoir, dont le rôle rappelle celui du choeur des tragédies antiques, qui souligne et rythme l’action du tyran.
Et nous on paie la redevance télé pour avoir le droit de les regarder faire les cons avec notre fric, qui avec sa nana au bras, qui avec sa lubie bien-pensante. Dans mille ans, les historiens qui présenteront notre époque en cours diront : ah vous savez, on arrive à une période marrante, les gens étaient vraiment cons, ils laissaient faire tout ça sans réagir, c’est dingue, vous vous rendez compte ?
Démocratie, vous me faites rigoler.