Pierre : Moussavi est un complice du regime. Il est une marionette du clergé. Mais, comme a dit un Iranien à la manif à Paris, Moussavi est un pont vers un Iran laïque. Une fois la fraude avérée, les Iraniens se vengeront. Les étudiants ont bien fait tomber le chah, ils vont finir par faire tomber les mollahs, aussi.
Les jeunes aspirent à communiquer. Malgré les limitations du régime, Internet est très populaire en Iran (20 millions d’internautes. L’information est le plus grand ennemi de la dictature. La verité était la première victime des basij et des pasdarans. Mais, avec les communications d’aujourd’hui, les dictatures ne tiendront pas longtemps.
Les elections ont été truqués, et en disant ça je ne suis pas une victime de propagande. Je sais très bien comment ça se passe, je les ai vu à l’oeuvre dans ma Yougoslavie natale. Celui qui avait la preuve de la fraude est malheureusement mort. Accident de voiture, comme ils disent. Un grand classique.
Tant qu"en Iran il n’y aura pas d’observateurs internationaux pour les élections, il y aura fraude, les mollahs sont sans gêne. Mais je crois en pouvoir du peuple informé. Le secret, l’absence de transparence sont les outils de dictature. N’empêche, nous avons bien le secret bancaire. Et c’est effectivement une des raisons de la crise - ça permet aux paradis fiscaux de prospérer, ça favorise bien des magouilles, il n’y aurait jamais eu de problème de subprimes, si le système était un peu plus transparent. Voilà la notre, de dictature. Mais chaque nouvelle connection à Internet la diminue. La preuve, ce que je dis là, tout le monde le sait.
Nous vivrons dans la paix et la bonne entente sur cette planète, lorsque tout le monde sera connecté. Et en plus, ça ne couterait pas plus que le budget d’une journée de la guerre en Irak - le prix du revient d’un smartphone est en train de se rapprocher à celui d’une baguette de pain.