Bonjour Gazi (et tous les autres ici présents),
L’AKP en Turquie est un phénomène cmplexe, qui réuni des partisans extrêmement variés. Il y a des islamistes purs et durs, qui de temps à autre se fendent d’une déclaration à l’emporte-pièce ou d’une initiative saugrenue (comme la volonté de pénaliser l’adultère) qui met en rage toute la partie moderne du pays. Parfois Erdogan se laisse aller à des reflexes de cet ordre. Il y a des milieux daffaires et commençants plutôt conservateurs sur le plan des moeurs mais qui sont très libéraux pour ce qui est de l’économie et louchent du côté de l’Europe, épaulés en cela par le patronat turc, désormais acquis à l’AKP.
Quant aux intellectuels laïcs, leur regard est nuancé - ils créditent l’AKP d’au moins une qualité fondamentale, de ’tempérer’ le nationalisme kémaliste. Ce qui veut dire réconcilier le pays avec son substrat ottoman, se décrisper face aux nationalités (les Kurdes et les Arméniens), donner une certaine noblesse à la culture au sein de la société. Un exemple tangible de ce dernier point est... la nouvelle gamme de billets de banque, à vocation pédagogique, présentant une galerie de scientifiques, de philosophes et de poètes turcs (à tout seigneur son honneur, Yunus Emre sur la plus grosse coupure) dont la plupart sont inconnus du grand public.
Dans la récente campagne électorale, on a vu les partis d’opposition ’laïcs’ rivaliser de nationalisme xénophobe en comparaison.
On pourrait ajouter que l’AKP traduit aussi, tout simplement, la montée en puissance non pas des campagnes, mais des villes moyennes face à Istanbul ou Ankara. Le président Abdullah Gül et son épouse sont originaires de Kayseri, mais tous deux sont également universitaires et polyglotte - ce qui n’avait jamais été le cas depuis Atatürk et Inönu.
Comme Gazi l’a rappelé, un Turc qui change de nationalité c’est assez radical - mais c’est mieux supporté quand il s’agit d’une femme. Un des signes tangibles de ce nationalisme à l’ancienne c’est le maintien du service militaire - ainsi, un expatrié turc, s’il veut revenir et travailler en Turquie, doit toujours s’acquitter du service - et ce même passé 40 ans !