Des commentaires du genre l’Europe ou la France, sont une bonne poire pour l’Afrique, n’ont évidemment pas leur place dans un débat sérieux sur l’Afrique. Ce sont les mêmes propos milles fois entendus il y a 43 ans (j’avais alors 16 ans), lorsque les chefs d’État africain étaient convoqués à l’Élysée, pour se faire ficeler dans les accords de « coopération ».

Paradoxalement à cette époque, le brave français moyen n’interprétait pas ces visites de responsables africains, dans le sens de vassal à suzerain, mais était déjà conditionnée par la presse de l’époque pour penser que ces visites avaient pour but de soutirer de l’argent à l’ancienne métropole. À tel point qu’une doctrine vit le jour à cette époque, elle avait pour nom le Cartiérisme, du nom d’un journaliste du magazine Paris match, qui usant de certains raccourcis disait en résumé « puisque ces pays ont voulu leurs indépendances, elles n’ont maintenant qu’a se débrouiller toutes seules ». Dès lors l’incessant ballet de responsables africains à l’Élysée était automatiquement interprété dans le sens d’une demande d’aide, et non d’un partenariat dans lequel la France tirait aussi un large bénéfice. Ainsi, dès les indépendances, ce schéma relations a pris corps dans l’imaginaire de notre peuple. Et bien évidemment rien n’est fait depuis pour y remédier. Les raisons semblent évidentes.

En fait à l’exception de deux ou trois responsables politiques africains qui a cette époque ne faisaient pas partie de feu la communauté mise en place par le général De Gaulle, l’ensemble des chefs d’État de l’est de l’ex empire colonial français en Afrique, continuaient de recevoir leurs ordres de Paris. Le temps passe, mais force est de constater que les idées, surtout les fausses perdurent en un mot les clichés ont la vie dure. Les Africains sont comme nous et jusqu’à preuve du contraire si on leur en donne les moyens, ils sont capables de faire aussi bien que nous dans TOUS les domaines de l’activité Humaine,(intellectuels comme physiques, et en bien comme en mal). Je crois sincèrement et je ne pense pas être le seul en cela, que nous avons pour des raisons qui se perdent dans la nuit des temps, nous avons une vision telle de l’Homme noir, que nous supportons difficilement l’idée qu’ils puissent faire aussi bien que nous (peut-être même mieux parfois !) dans le domaine des choses de l’esprit. L’inconscient collectif de nos peuples est si imprégné de leur infériorité supposée, mais à titre individuel, dans la très grande majorité, ( à l’exception de ceux se déclarant ouvertement racistes),nous rejetons cette idée avec plus ou moins de force selon les individus, et leur niveau d’éducation.Je suis de ceux en tant que « blanc » qui restent a convaincre que nous préférerions avoir une Afrique riche, prospère , dynamique et compétitive économiquement,en lieu et place de cette Afrique misérable, minée par les guerre tribales (que nous désignons pudiquement « conflit ethniques » lorsque l’Europe en est le théâtre),par les épidémies et pandémies de toutes sortes, en proie aux sécheresses à répétition,au système de santé délabré ou inexistant, au taux d’analphabétisme record. Je suis de ceux (et ils ne sont pas si rares), qui pensent que les grandes opérations qui résultent de la situation que nous connaissons pour cette Afrique-là, possèdent une double vertu. Celle de soulager nos consciences et en même temps de nous conforter dans certaines idées inavouables.Nous préférons voir cette Afrique en situation de mendicité permanente, tributaire de notre « générosité » de générosité pour simplement survivre.Dans ce sens, on peut dire que si l’Humanitaire n’existait pas, il aurait fallu l’inventer pour l’Afrique.

Sinon comment expliquer que nous avons su et saurons encore tirer de la misère totale, des pays « blancs » tout d’abord en injectant dans leurs économies des milliards d’euros sous forme de dons, en y faisant des investissements (chaînes de construction automobile, de tracteurs,usines de conditionnement agro alimentaire, etc.), et en y consentant des prêts à des taux extrêmement bas, comme la chine est en passe de le faire pour l’Afrique.

Agé d’un peu plus d’un demi siècle, j’ai toujours entendu avancer les mêmes arguments pour expliquer le manque d’intérêt que nous portons à l’Afrique, en termes de développement économique.Parfois le discours officiel prétend que les matières premières que nous tirons de ce continent, ne sont pas indispensables à notre économie, d’autres fois il affirme au contraire que ces matières premières sont au contraires vitales pour certaines d’entre elles. Si ces matières premières étaient détenues sur le sol Européen, on est en droit de se demander, si les Européens accepteraient cette dégradation des termes de l’échange à laquelle sont soumis les pays Africains détenant ces matières premières. considérait et considère encore la réussite de ce pays, n’attribue-t-elle pas cette réussite à la seule présence des 14% de blancs qui entrent dans la composition de ce pays ? Ne les effleure pas non plus un seul instant, l’idée que la confiance, et la sympathie cachée dont a pu jouir ce pays durant les 43 années du régime d’apartheid, ce au-delà de la simple solidarité ethnique, eut pour résultat d’attirer massivement les investissements du monde industrialisé, et permettre le décollage puis l’essor économique de ce pays, aidé en cela par les coûts dérisoires d’une main d’œuvre servile constituée des 76 % de noirs.