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Commentaire de NAHASH

sur Oui à la burqa


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NAHASH NAHASH 27 juin 2009 15:42

 

Ce qui est intéressant dans ce « débat » sur la burka, ou plutôt pseudo-débat entre aspirants islamophobes ou islamophobes convaincus et démocrates naïfs ou « idiots utiles » du fanatisme religieux, c’est la pléthore d’arguments fournis et le fait que le législateur ne pourra se fonder dessus si son propos est de légiférer sur l’objet « burka ».

 

Il n’y a pas beaucoup d’options en fait, malgré les arguments de chacun, soit la burka est interdite de manière arbitraire, soit elle est interdite dans un cadre particulier relatif soit à l’interdiction officielle d’une idéologie politico-religieuse (comme l’apologie du nazisme est interdite) soit en considèrant qu’elle relève de l’aliénation mentale contrainte (pratique sectaire en infraction avec nos lois). Bref dans les deux cas, l’objet « burka » promet de sacrés migraines aux législateurs.

 

Mais revenons sur les arguments :

-argument sécuritaire : la loi dite « anti-cagoule » se fonde avant tout sur l’intention manifeste de cacher son identité (dans le but évident de commettre un acte délictuel ou criminel) : la burka relève-t-elle de cette « intention de cacher son identité » ? difficile à soutenir, si l’on considère que la burka se revendique comme une pratique religieuse dont l’intention est de marquer sa soumission à telle ou telle « obligation » religieuse.

De plus, si en raison de cet argument sécuritaire, on interdisait la burka, du fait qu’elle ne permet pas l’identification de sa « porteuse » (voir porteur) en masquant le visage, comment un touriste japonais portant masque de protection, lunettes de soleil et chapeau sera-t-il considéré ? le fait est qu’il y a plus de touristes japonais ainsi vétus que de burka en France.

Argument stupide ou absurde ? pas tant que çà : une loi interdisant la burka se devra d’être à la fois suffisamment explicite mais aussi suffisamment vague pour qu’elle n’apparaisse pas discriminante et donc anticonstitutionnelle. Donc le touriste japonais serait effectivement affecté par une telle loi « générale ». Soit…

 

-argument humanitaire (inégalité, discrimination, attentatoire à la dignité,etc…) : dans l’absolu, la burka ne peut être considérée que comme un vêtement particulier, du tissu accommodé d’une certaine manière, au mieux un vêtement traditionnel d’origine pachtoune : donc pour prouver son caractère discriminant, attentatoire à la dignité, etc…le législateur devra user d’une référence qui le cas échéant sera religieuse : puisque la burka ne saurait avoir ces caractères contraires à nos principes et lois, sans que soit évoqué en quoi elle les a et donc sa charge « religieuse » : donc infraction à la Laïcité, le législateur n’étant ni théologien, ni exégète du Coran. Le fait que la burka ne soit pas explicitement citée comme pratique religieuse reconnue et validée, ce qui permettrait de définir son caractère discriminant, attentatoire, etc… rend encore la tâche plus difficile.

 

Bref, j’en reviens à mes arguments d’introduction, la burka sera difficilement interdite avec les arguments sécuritaire ou humanitaire, le législateur ne fondant pas sur la « perception » que la communauté a de la burka, mais sur des principes juridiques.

 

Donc, seules les perspectives politique et/ou sectaire semblent être adéquates en la matière :

Considérer que la burka est un objet de revendication d’une idéologie (qui sera à définir préalablement , sacré challenge) condamnable au même tire que le nazisme par exemple, soit considérer que la burka procède d’un processus d’aliénation mentale contrainte ( et non volontaire) courants sectaires non acceptables selon nos principes (le challenge sera dés lors de faire attention qu’une telle loi ne mette pas en infraction la majorité de nos concitoyens qui eux aussi subissent au quotidien un processus d’aliénation mentale contrainte).

 

Pour conclure, toute loi anti-burka risque de ne pas passer : d’un parce que l’équilibre à trouver dans sa formulation sera difficile à obtenir, de deux parce qu’un recours sera toujours possible, de trois parce qu’il me semble difficile de concevoir que pour quelques burkas nos hommes politiques sacrifient des contrats avec nos amis du Golfe en mettant en infraction leurs épouses sous niqab et qui font la joie des commerçants de la Place Vendôme.

 

Cordialement,

 

   


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