@l’auteur :
Vous écrivez : « Reconnaissons que le chemin commencé par les écrits du Siècle des Lumières et la révolution de 1789 est constant : l’égalité entre tous et une seule communauté, celle de la Nation. » donc vous renvoyez clairement au concept de Nation ou d’Etat-Nation, « communauté nationale », dans votre article vous évoquez le multiculturalisme par le biais des notions de diversité et de communautarisme.
Un constat, qui sans doute vous apparaitra comme une manifestation de pragmatisme cynique, mais qui marque surtout une observation brute et réaliste.
Renvoyez à des principes datant du XVIIIème siècle est certes intéressant si l’on s’attache à considérer ce qui a fondé notre dite « démocratie », mais fait l’impasse sur l’Histoire et le Réel : ces principes philosophiques participaient certes de nobles idéaux mais il n’en demeure pas moins qu’ils sont et furent toujours de superbes abstractions conceptuelles que la dite République née de 1789 a contredit et continue de contredire dans la pratique : d’où votre article me semble-t-il.
Donc impasse sur l’Histoire et le Réel : impasse sur la construction européenne, la mondialisation et notre modèle de société (société de consommation et de l’individualisme) : que retirer de ces divers éléments ?
D’un l’Etat-Nation ? quel sens lui donner lorsque la France se fond dans l’UE et lorsque la mondialisation économique impacte autant les sociétés humaines notamment par son hypermatérialisme et la promotion d’un individualisme narcissique et puéril ?
Traditionnellement, l’Etat post-1789 se définit comme l’entité qui a non seulement le monopole de la violence légale mais aussi le monopole de la « coercition » dans les autres domaines de la société, c’est sur cela que reposait jusque maintenant l’identification du citoyen à la Nation, le citoyen étant indissociablement lié à l’Etat, donc à la Nation où la citoyenneté comme facteur de cohésion sociale et d’identification remplaça la Religion : la Nation et la loyauté patriotique « affective » remplaçant la transcendance religieuse et la fidélité « spirituelle ».
Or cette identification du citoyen à la Nation disparaît au fur et à mesure que le citoyen se voit remplacé par le client-consommateur, au fur et à mesure que les frontières délimitant la Nation, le Sol, l’Etat, cet espace « national » cohérent, reconnu et reconnaissable, tendent à disparaître sous l’effet direct ou indirect de la mondialisation économique et de ses avatars : libre-échange, liberté de circulation des biens et personnes, mais aussi et surtout sa méfiance à l’égard de tout protectionnisme ou exception culturelle.
Or là se situe la menace première pour l’Etat, mais surtout pour l’idée de Nation, une nation faite de citoyens, partageant des valeurs communes, au-delà de leurs aspirations individuelles et de leurs pratiques consommatoires, tendant à être de plus en plus standardisées par le biais de la propagande-marketing et de la culture de masse.
Facteur aggravant : nous sommes une société dite post-héroïque, la Seconde Guerre Mondiale ayant calmé jusque maintenant l’ardeur « patriotique » des populations, jusqu’à attribuer au terme « patriotisme » une connotation péjorative ou manifestement anachronique.
Donc : disparition-dissolution de l’Etat-Nation dans un ensemble plus vaste, individualisme, post-héroïsme.
Second point : le multiculturalisme et donc la diversité.
Notre société se revendique multiculturelle, multiculturalisme revendiqué mais non assumé, strictement d’ordre idéologique, révélateur du romantisme-idéalisme pédant d’une société se concevant comme « supérieure ».
De fait, la tolérance multiculturelle prétendue au sein de notre société « occidentale » est part intégrante de l’idéologie (ultra-)libérale économique et de la mécanique de mondialisation qui en résulte : multiculturalisme qui n’est rien d’autre qu’une forme particulière de racisme, de proclamation-affirmation de la supériorité d’une culture sur toutes les autres : un racisme à distance, un racisme « civilisé ».
Voilà le constat : notre société est occidentale, européenne, le multiculturalisme peut y être revendiqué, notre société ne fait que le conceptualiser, incapable d’en assumer la réalité, ne l’ayant jamais connu autrement que sous les formes coloniales ou impériales : l’Orient, l’Asie, l’Afrique ont une tradition multiculturelle, l’Europe non : elle est historiquement admirable dans sa constante homogénéité autant culturellement qu’ethnique (indo-européenne).
Dés lors, le seul intérêt du multiculturalisme est double : économique et politique : Economiquement, nul besoin de répéter l’intérêt d’une immigration malléable car non politisée comme les autochtones, et fournissant une main d’œuvre dont la charge salariale est moins importante. Politiquement, la récupération politique des questions « immigration », « intégration », et récemment « diversité » n’est plus à démontrer, à cela peut s’ajouter la création manifeste d’une catégorie de personnes vouée au « bouc-émissariat » dont l’utilité n’est plus à démontrer.
Bref, le multiculturalisme n’est et ne sera toujours qu’une tolérance de façade, enfermant celui condamné à être l’Autre pour toujours, quelque soit son degré d’intégration ou de « francitude » dans ses particularismes, authentiques ou supposés tels, dont il ne pourrait sortir : fermé sur lui-même et sa particularité, réduit à sa spécificité, l’Autre se voit affirmé sous couvert du respect et de la tolérance la supériorité de la culture occidentale : activation de l’habitus ethnique et les conséquences qui vont avec : communautarisme.
Donc autre point à développer :quel rapport avons-nous avec ce que nous appelons « communauté » ? le repli ou l’attachement au quartier, à la cité, à la patrie, à la terre d’origine, etc...sont-ils réactionnaires par nature ?
La communauté est-elle par essence une structure « proto-fasciste » qui donc tend naturellement vers le « fascisme »...un fantasme totalitaire ou intégriste en cours de réalisation ?
Ou n’est-ce là qu’un désir naturel, commun, universel ? Cet attachement ne cache-t-il pas bien souvent la douleur de l’arrachement, de l’exil ? Aux siens, à sa famille, à sa campagne, au pays de ses ancêtres, de ses parents ? Ces aspirations « communautaires » sont-elles idéologiques ou spontanées ? Devons-nous toutes les condamner ?
Car en y réfléchissant, n’est-ce pas l’instrumentalisation politique de cette question « communauté » qui la rend idéologique mais aussi menaçante ? A l’heure du communau-starisme ou des élites « minoritaires » se forment, ne peut-on pas considérer que ce qui est à condamner n’est pas l’aspiration universelle à la protection, au réconfort de la communauté mais plutôt l’usage démagogique qui en est fait par certains afin de « faire carrière », par d’autres afin de satisfaire les franges extrémistes de notre société.
La communauté ne reste-t-elle pas le dernier refuge de chacun face au désordre économique mondial et à ses conséquences sociales ?
Conclusion : « statistiques ethniques ou pas » est une question d’un intérêt surtout politico-médiatique, dont le but évident est d’à nouveau activer le « diviser pour mieux régner », chacun s’échinant à défendre sa perspective : contraire à nos principes pour les uns, progrés pour les autres, etc…un bla-bla dont le seul but est d’empêcher les vraies questions d’apparaître dont certaines telles : quel est le sens du mot nation entre mondialisation et individualisme ? La dérive « fasciste » ou totalitiare est-elle dans la communauté ou dans l’application de dogmes économiques « inhumains » ? quel crédit accordait à une dite « démocratie libérale » qui restaure le Parti Unique (cf UMPS) ?etc…
Cordialement,
01/07 12:44 - remiaufrere
Je vous rappelle que mon écrit part d’abord des statistiques ethniques et que même si je (...)
01/07 05:24 - NAHASH
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14/04 15:35 - remiaufrere
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