[Vous avez aimé le lobbying climatique d’Exxon ? Vous allez adorer celui de Goldman Sachs]
Le nouveau marché des crédits carbone est un remake virtuel du casino des marchés aux matières premières dont raffole Goldman, sauf que celui-ci a un nouvel ingrédient appétissant : si le plan se réalise comme attendu, la hausse des prix serait dictée par le gouvernement. Goldman n’aura même pas à truquer le jeu, celui-ci sera truqué d’avance.
Ce qui dans ce plan attire particulièrement les spéculateurs est que la « limite » sur le carbone va être en permanence abaissée par le gouvernement, ce qui veut dire que les crédits carbone vont devenir de plus en plus rare année après année. Ce qui veut dire que c’est un marché aux matières premières inédit dans lequel la matière première principale à trader aura un prix dont l’augmentation dans le temps est garantie. Ce nouveau marché va augmenter de 1 milliard $ par an ; à titre de comparaison, le revenu annuel combiné de tous les producteurs d’électricité aux USA est de 320 milliards $.
Goldman veut cette loi. Le plan est de 1) être aux premières loges du changement de paradigme législatif 2) s’assurer que Goldman serait le concepteur du volet profit de ce paradigme et 3) être sûr que ce volet profit est un gros volet. Goldman a commencé à presser pour la bourse du carbone depuis longtemps mais les choses ne s’étaient accélérées que depuis l’année dernière quand la firme a dépensé 3,5 millions $ pour faire du lobbying climatique (un de ses lobbyistes à l’époque n’était autre que Patterson, l’actuel chef de service du Trésor).
En 2005, quand Hank Paulson était à la tête de Goldman, il s’est personnellement impliqué dans la rédaction de la politique environnementale de la banque, un document qui contient des éléments surprenants pour une firme qui s’est, dans tous les autres domaines, opposée de manière résolue à toute initiative de régulation gouvernementale. Ce document argue que « les actions volontaires ne peuvent pas résoudre le problème du changement climatique. » Quelques années plus tard, le chef du carbone de la banque, Ken Newcombe, insiste que la bourse du carbone seule ne sera pas suffisante pour résoudre le problème climatique et en appelle à plus d’investissements publics dans la recherche et le développement. Ce qui est plutôt pratique, étant donné que Goldman a fait des investissements passés dans les éoliennes (il a acheté une filiale appelée Horizon Wind Energy), le diesel renouvelable (il a des investissements dans une firme appelée Changing World Technology) et l’énergie solaire (il est un partenaire de BP Solar), exactement le genre d’affaires qui va prospérer si le gouvernement force les producteurs d’énergie à utiliser des énergies propres. Comme Paulson a dit à l’époque, « nous n’avons pas fait ces investissements pour perdre de l’argent. »
« Oh, il sera bien plus grand », dit un ancien du Comité sur l’Energie du Congrès. Bon, vous diriez, on s’en fiche. Si la bourse du carbone réussit, ne serait on pas tous sauvés de la catastrophe du réchauffement climatique ? Peut-être, mais la bourse du carbone, tel qu’envisagée par Goldman, est juste une taxe carbone organisée de manière à ce que les intérêts privés récoltent les revenus. Au lieu d’imposer simplement un prélèvement fixe par l’état sur la pollution au carbone et forcer les producteurs d’énergie non propre à payer la pollution qu’ils produisent, la bourse du carbone va permettre à une petite clique de porcs de Wall Street rapaces à l’extrême de transformer un marché aux matières premières créé de toute pièce en une structure privée de collecte d’impôt. C’est pire que les plans de relance : cela permet à la banque de saisir l’argent du contribuable avant même qu’il ne soit collecté.
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