Le libéralisme est un humanisme ; l’humanisme n’est pas le libéralisme. Votre définition de l’humanisme est celle du libéralisme : donc fausse ; la mienne, en une ligne, laisse trop de portes ouvertes. Fermons-en :
Il n’y a pas qu’un humanisme. Disons que l’humanisme ancien se préoccupa plus de culture - rupture avec le moyen-âge « obscurantiste », retrouvailles des lumières de l’antiquité - et l’humanisme moderne davantage de politique. L’Homme avant Dieu et retrouver la dignité de l’Homme, voilà ses principes. « Bonheur » ou développement personnel, même combat.
Évidemment, « Bonheur » a un tout autre sens aujourd’hui, celui épicuriste de la recherche du plaisir et l’évitement de la douleur. Ici je rejoint Nietzsche : « La souffrance cherche toujours sa cause alors que le plaisir incline à s’en tenir à lui-même et à ne pas regarder en arrière. » Le plaisir est indispensable mais la souffrance ne doit pas être bannie ni rabaissée : la souffrance permet à l’Homme d’avancer, de s’améliorer. L’éducation, qui aujourd’hui dure une décennie, est une forme de souffrance, mais une souffrance nécessaire : qui voudrait d’une société d’enfants sauvages ? Le libéralisme, imprégné d’épicurisme, mène trop vers cette société.
Est-ce que les droits de l’homme font partis du libéralisme ? J’en doute : trop restrictifs, idéalistes, totalisant. Que pensait Deleuze des droits de l’homme ? « Ça fait tellement partie de cette pensée molle de la période pauvre dont on parlait. C’est du pure abstrait. » Pour Deleuze n’existe que la jurisprudence, le cas par cas, non-éternel, évolutif. Les droits de l’homme, ces nouvelles tables de la loi, sont figés et figent donc l’homme dans un présent auquel l’avenir ne correspondra peut-être plus. Pascal Salin oppose le
libéralisme au constructivisme, qui souhaite améliorer le sort de
l’humanité selon un plan prédéfini. C’est ce que font toutes nos républiques
occidentales.
Vous parlez aussi en abstrait, en idéaliste. L’action non-violente peut aboutir dans des États De Droit ? Mais dans combien de cas (vous ne donnez pas d’exemples), ne serait-ce pas plutôt les exceptions qui confirment la règle ? Même si, par certains aspects, je suis d’accord avec Deleuze lorsqu’il dit « toutes les révolutions ont échoués », il reste néanmoins que les idées libérales se sont toujours imposées par la force, tel un vaccin, il fallu un mal pour créer un mieux.