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Commentaire de ERWAN

sur « Les Trente Piteuses » - tribune libre


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ERWAN (---.---.31.126) 18 février 2006 23:28

Je cherche à comprendre ce qui a fait basculer l’économie des « Trente Glorieuses » au « Trente Piteuses » et je constate que nombreux sont ceux qui voient dans les chocs pétroliers de 1974 et 1979 la cause de ce basculement. Toutefois, l’on sait que ce n’est pas parce que la majorité se trompe que l’erreur devient vérité. Aussi est-il nécessaire d’établir en quoi l’augmentation des cours du pétrole serait cause d’un tel basculement. A mon avis, il s’agit là bien plus de faits concommitant que de faits ayant des liens de cause à effet. Je pourrais dire ceci pour le montrer : une loi économique encore inconnue des économistes s’impose à tous ; cette loi veut que les dépenses des uns fassent les recettes des autres. N’est-ce pas une loi ? Aussi comment l’économie pourrait-elle décliner à la suite de l’augmentation des recttes des autres ?

Donc il faut aller chercher la cause du basculement ailleurs. Mais où ? Je propose de regarder du côté des réformes de la politique monétaire mises en oeuvre à cette époque. Il s’agissait pour les dirigeants de diminuer l’inflation et de moderniser donc de diminuer le rôle de l’Etat. Ne reconnaissez-vous pas là le vocabulaire de l’époque et de son fringant ministre des Finances ? Eh bien allez donc cherchez les décrets qu’il a signés en octobre 1973 puis en début d’année 1974. Ils sont passés inaperçus. Car quoi, qui se soucie de la politique monétaire ? Qui y connaît quelque chose ? Et d’ailleurs, ces décrets ont ils eu l’effet escompté sur l’inflation ? Que nenni. Mais par contre ils ont bien amené la modernisation de l’économie marquée par le désengagement progressif de l’Etat, désengagement qui a connu une forte accélération après le Traité de Maastricht qui, relevant du même esprit, est venu couper les derniers moyens de la politique monétaire des Etats (souveraineté monétaire)

De quoi s’agit-il ? Aujourd’hui, presque tout le monde est d’accord que le Pays et l’Etat doivent être géré comme une entreprise : d’un côté les dépenses et de l’autre les recettes. C’est clair, c’est simple. Et pourtant c’est faux car les Etats ne sont pas des entreprises. En tous cas, nous trouvons là sans doute la meilleure explication au basculement dans les Piteuses.

Certes, les Glorieuses ont pâti de l’inflation (douce à l’investisseur et dure au pauvre) mais en voulant y remédier « on » a jeté le bébé avec l’eau du bain monétariste façon Milton Friedman.(Je peux faire l’éloge des théories de M. Friedman quand il s’agit de lutter contre une inflation très forte mais n’a-t-on à faire à une position idéologique quand est utilisée une théorie quelque soit le contexte ? L’épistémologie nous dit qu’il n’y a pas de théorie vrai ou de théorie fausse, il n’y a que des théories ad-hoc ou non à leur objet.)

Avant, du temps des Trente Glorieuses, l’Etat avait trois moyens de se procurer les moyens monétaires nécessaires : l’impôt et l’emprunt (comme aujourd’hui) mais aussi le chemin du Trésor. Et c’est cela que Giscard a rendu progressivement infaisable et que Maastricht et venu interdire.

L’on dit que le temps c’est de l’argent. Et il m’arrive de me demander s’il n’y a pas un lien entre le manque de monnaie permanente et le manque de temps - voyez dans le domaine professionnel aujourd’hui.

Il faut dire que la monnaie permanente a diminué dans M1 alors que la monnaie temporaire (issue du crédit) s’est accrue considérablement pendant ce temps. La monnaie moderne issue de la révolution bancaire est dite temporaire car issue du néant par l’écriture du crédit qui la crée, elle y retourne lors qu’elle est remboursée.

Voilà des pistes de recherche pour comprendre càd établir des liens de causalité du basculement des Glorieuses en Piteuses. Et, partant, pouvoir commencer à réfléchir sur les moyens d’y remédier.


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