« C’est peut-être aussi la vôtre de structure mentale qui vous détruira. Quand votre cupidité et votre violence qui vous ont toujours poussés à l’autodestruction auront eu raison de vous, les Africains iront danser joyeusement sur la tombe de ce que vous appelez « ’civilisation ». Comme avant vous d’autres peuples violents et cupides qui ont disparu. »
Je ne saurais vous donner tort sur toute la ligne, mais je dois tout de même rectifier certains points. Il est vrai que d’autres peuples cupides ont disparu, mais ce fut lorsqu’ils cessèrent d’être violents, c’est-à-dire lorsqu’ils cessèrent de se considérer comme le sel de la terre et d’écraser les autres en conséquence.
La vraie décadence, c’est quand on cesse de se croire supérieur aux autres. Et c’est à ce moment-là que nous sommes supplantés par ceux chez qui s’est développé le sentiment qu’ils étaient supérieurs à nous. Comme il s’agit d’un sentiment, le fait qu’il soit ou non justifié n’importe pas, ça n’influe en rien sur sa portée et ses conséquences.
Pour ce qui est de danser sur nos tombes, ce sera le dernier hommage qui nous sera rendu, puisque personne ne songerait à danser sur la tombe d’individus communs, insipides et négligeables. La haine est un bon étalon de mesure du « poids historique » de celui qui l’inspire.
« Deux mille ans, cela paraît beaucoup dans la vie d’un homme et même d’un peuple. Quand on n’a pas vu la fin du film, il ne faut pas tirer des conclusions hâtives. En dans le cas présent, le film, il dure beacoup plus longtemps. »
Deux mille ans, c’est tout de même soixante-dix générations, ce qui est déjà hors de la perception humaine. Dans la mesure où l’on ignore complètement ce que sera la planète dans vingt ans, je vous laisse perdre votre temps à essayer d’imaginer ce qu’elle sera dans vingt siècles.
C’est dans cette optique que la fin du film apparaît comme quelque chose de totalement insaisissable. Personne ne sait quand elle se produira, quelle forme elle revêtira, ni par quoi elle se prolongera. Dans l’ignorance où nous sommes à cet égard, il n’est donc pas possible d’élaborer une politique en spéculant sur vingt ou sur cinq mille scénarios possibles.
En préparant, du mieux qu’il nous paraît souhaitable, l’avenir des deux générations qui nous suivent, c’est vraiment le maximum que nous pouvons faire. Et pour cela, nous devons tabler, hors de toute autre considération, sur ce que nous enseigne l’histoire des trois millénaires qui nous précèdent et sur ce que nous suggère notre connaissance de la psychologie des peuples.