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Commentaire de Echo

sur Polémique Orelsan : quand la politique française touche le fond et regarde ailleurs…


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Echo Echo 14 juillet 2009 14:27

Propagande en effet.

Il s’agit d’un exemple typique de mensonge, orchestré à l’origine par le « spin doctor » en chef de Tony Blair, Alastair Campbell, l’homme qui avait, entre autres nombreuses manipulations grossières, inventé la fable des armes de destruction massive irakiennes qui pouvaient soi-disant être déployées pour frapper Londres en 45 minutes. Une histoire du même tonneau que celle, auparavant, des nourrissons arrachés aux couveuses et jetés au sol par les soudards de Saddam Hussein dans une maternité du Koweit. Bullshit, ou plutôt bushshit !

Les montages grossiers d’Alastair Campbell pour tromper la presse, les opinions et les parlementaires lui avaient dans un premier temps valu le surnom de « Ali le cynique », puis l’avaient contraint à la démission, contribuant à la chute d’un Blair largement discrédité.

Rien là, évidemment, qui puisse dissuader Sarkozy de se servir des vieux mensonges cuits et recuits concoctés par l’ancien « spin doctor » néo-travailliste.

L’histoire des femmes aux ongles vernis martyrisées par les Talibans prend semble-t-il naissance - a relevé Christian Salmon [3] - dans un rapport d’Amnesty International de 1997. C’est une donnée de base, tout mensonge doit contenir une part, minime, de vérité.

Dans ce rapport d’Amnesty International, cité par Christian Salmon, était rapporté ceci :

Dans un cas au moins les châtiments infligés ont pris la forme d’une mutilation. En octobre 1996, des talibans auraient sectionné l’extrémité du pouce d’une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul. Cette « punition » avait apparemment été infligée à cette femme car elle portait du vernis à ongles.

Lisons attentivement la prose d’Amnesty, organisation connue pour son côté précautionneux.

- « Un cas au moins » : cela veut dire qu’Amnesty n’a eu connaissance que d’un cas. Dans le cas contraire ils écriraient évidemment « deux cas au moins » ou « douze cas au moins ». Mais non : il n’y en a qu’un. C’est trop, si c’est vrai. Mais c’est quand même pas beaucoup en regard de l’utilisation qu’on en a fait ensuite. Rien ne démontre que ce cas isolé soit représentatif de l’ensemble d’une pratique politique.

- « des talibans auraient » : cela veut dire que les auteurs n’en sont pas vraiment sûrs, et que donc vraisemblablement ils rapportent une rumeur. Sinon, il écriraient « des talibans ont... ». Donc ils n’en ont pas été témoins directs, ils rapportent des témoignages. Directs ? Indirects ? On ne sait, mais en tous cas ils utilisent le conditionnel, ils n’écrivent pas par exemple "selon des témoignages concordants et dignes de foi", comme probablement ils l’auraient fait s’il avaient été un minimum sûrs de leur coup...

- « apparemment » : les raisons de la « punition », si l’histoire est vraie, on ne les connaît en réalité pas : l’usage du mot « apparemment » ne fait que confirmer le caractère vague des témoignages ou de la rumeur.

En un mot comme en cent, ce rapport d’Amnesty, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas l’air - du moins sur ce point précis - d’être en béton.

Selon le même procécé, mais sur des bases bien plus solides puisqu’il ne s’agit pas de rumeurs, je pourrais par exemple affirmer qu’en France les policiers éborgnent les jeunes en leur tirant intentionnellement au flashball dans le visage, et y voir la preuve du caractère moyenâgeux du régime liberticide au pouvoir dans ce pays, tombé aux mains de barbares à peine humains contre qui il s’impose de prendre les armes. Il est évident que "On ne peut pas discuter avec des gens qui crèvent les yeux de jeunes qui ont le malheur de manifester contre le gouvernement...". Ca sonne pas mal, hein ? Quand est-ce qu’on envoie des troupes pour protéger les jeunes Français qui veulent manifester pacifiquement ?


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