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Commentaire de Gazi BORAT

sur Affaire Halimi / Fofana : de l'instrumentalisation de la justice


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Gazi BORAT 16 juillet 2009 14:20

Le meurtre d’Ilhan Halimi est parfaitement odieux, tout autant que Youssouf Fofana est l’exemple même du criminel narcissique, violent et manipulateur.

En cette affaire, comme autrefois dans une affaire offrant un certain nombre de similitudes comme l’utilisation d’un appat féminin (l’affaire du trio maudit), la mise en place d’un piège et la mort de la victime après ce que l’on qualifie « d’actes de barbarie »....


....le mobile premier était l’argent.

L’affaire du « trio maudit a été oubliée, même si, après avoir inspiré un film à succès à Brenard Tavernier (l’appat »), il serait tout à fait plausible que celle-ci ait pu servir de modèle à Youssouf Fofana, lorsqu’il décida d’utiliser une jeune fille aguichante pour attirer Ilhan Halimi dans son piège.

Le choix de la victime, pour ce type de criminels d’occasion, ne peut relever que de préjugés, qu’il s’agisse d’une adress (Neuilly, 16° arrdt.. ou de l’appartenance à une communauté que des fantasmes courants en France tendent à considérer comme plus riche que d’autres..

Ce point suffirait-il à donner la primauté à un caractère antisémite du crime et à mettre à l’arrière plan sa dimension indéniablement crapuleuse ?

Difficile de trancher.. D’autant que Fofana, au fait des débats et des tensions communautaires attisées autour de son forfait, en a profité pour broouiller les pistes et s’offrir un numéro grotesque devant le tribunal, destiné à lui donner une dimension « politique », pensant sans doute tirer profit de ce nouveau personnage qu’il se composait..

Ce qui s’ajoute aujourd’hui à l’horreur des faits divers criminlels, c’est la ten,dance générale à « communautariser ceux ci.

Avant même la personnalité ou le parcours d’un assassin, semble ^tre maintenant prise en compte son appartenance confessionnelle pour l’explication de ses actes.. Attitude guère de nature à faire évoluer la criminologie mais beaucoup plus à ouvrir le champs à toutes les instrumentalisations.

En fut-il de même dans l’affaire du »Trio maudit«  ?

Pour ceux qui se souviennent du crime, mais aussi du film : OUI.

La différence avec l’affaire »des Barbares« était que le trio d’assassins évoluait dans le milieu du Sentier, que ceux ci étaient dans un rêve, courant à l’époque, d’installation réussie aux Etats Unis, et que le crime devait financer leur départ.

Ce crime inquiéta à l’époque la communauté juive de France, craignant son exploitation à des fins antisémites, comme ce fut le cas avant guerre autour des escroqueries d’Alexandre Stavisky..

Cette dimension »communautaire« apparait dans le film tiré de cette affaire du »Trio maudit« 

Bertrand Tavernier, dans une scène de »l’appat« , fait remarquer par la victime (jouée par Richard Berry) à son assassin son appartenance communautaire, et que celle-ci devrait lui interdire tout acte criminel.. Sans effet pour la suite..

Sur le »trio maudit"

CITATION :

Elle a 18 ans. Elle s’appelle Valérie Subra et exerce le métier de vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter. Mais elle a de l’ambition. Elle veut s’élever. Pour cela, elle profite de sa beauté et de sa jeunesse en marivaudant avec des hommes mûrs et nantis. Pour faire simple, elle michetonne. Elle fréquente Laurent Hattab, 19 ans. Ce dernier, s’occupe d’un commerce de sweat-shirts, la société « Tee for two », dont son père lui a offert la moitié des parts. Il roule voiture de sport et, avec ses allures de fils à papa, il impressionne fortement son amie. Le troisième larron est le plus âgé. Il se nomme Jean-Rémi Sarrau. Il a 21 ans, mais il est plus terne. C’est un suiveur.

Ces trois-là, pour s’enrichir rapidement, mettent au point un plan des plus simples – et des plus bêtes qu’il soit…

Le samedi 8 décembre 1984, à 18 heures 55, l’intervention de police-secours est requise au 97, rue de Prony, à Paris, dans le XVII° arrondissement. Il s’agit du domicile, à la fois personnel et professionnel, de Gérard Le Laidier, 50 ans, avocat. Les policiers sont accueillis sur place par Madame Françoise Nicouleau, secrétaire de l’étude, qui leur ouvre la porte. Ils découvrent alors, étendu sur le sol d’une pièce faisant office de bureau, le cadavre ensanglanté de Gérard Le Laidier.

Le lundi 17 décembre, la concierge du 12, rue Marguerite, dans le XVII° arrondissement, s’inquiète du désordre de l’appartement de Monsieur Laurent Zarade, chez qui elle effectue habituellement le ménage. Agé de 27 ans, cet homme est responsable d’une société familiale de confection implantée dans le Sentier. Il occupe dans l’immeuble un appartement de quatre pièces, contiguë à celui de ses parents. Son frère, Thierry Zarade défonce la porte d’une pièce servant à la fois de bureau et de chambre d’amis. Gérard Zarade gît près du lit, les pieds et les mains attachés, la tête dissimulée par un peignoir de bains de couleur rose, maculé de sang. Une écharpe bleu marine lui enserre le cou.

Les enquêteurs ont tôt fait de déterminer une relation commune aux deux hommes : Valérie Subra.

Interpellée, en quelques heures la jeune fille passe aux aveux. Elle dénonce ses deux complices. Ils sont arrêtés et les perquisitions permettent de retrouver plusieurs objets appartenant aux victimes. Une affaire carrée, comme on dit à la crim’.

Autour d’un verre au Martin’s, près du bois de boulogne, ces trois jeunes gens avaient décidé de se procurer de l’argent par n’importe quel moyen, avec l’intention de s’installer aux Etats-Unis. Il semble que ce soit Hattab qui ait eu une idée géniale : Valérie se fait inviter chez des hommes fortunés, et, après avoir émoustillé le pigeon, elle leur ouvre la porte. Il ne leur reste plus qu’à rafler le magot.

Aussitôt dit… Pour le premier meurtre, les deux jeunes gens ont ligoté Le Laidier et Valérie, afin de dédouaner cette dernière. Ils n’ont donc pas l’idée de supprimer leur proie. Mais il est probable que leur comédie ait fait long feu. Aussi, pour éviter un témoignage compromettant, ils décident de tuer l’avocat. Ils le frappent à coups de pied, à coups de poing, puis à l’aide d’une matraque, qui se brise sous la violence des chocs. Ils finissent par le poignarder. Une mort affreuse. Pour le second les choses sont plus claires. La décision est prise dès le départ de liquider Laurent Zarade, car celui-ci connaît trop bien Valérie. D’après leurs aveux, Sarraud bâillonne Zarade avec une écharpe et il lui tient la tête tandis que Hattab lui porte des coups à la gorge à l’aide d’un coupe-papier. Mais, malgré son bâillon, celui-ci crie de douleur. Pour étouffer ses hurlements, les deux assassins saisissent alors chacun un côté de l’écharpe et cherchent à étrangler leur victime. Zarade glisse sur le sol, mais il n’est pas mort. Saraud lui enveloppe la tête dans un peignoir, sans doute pour tenter de l’étouffer, tandis que Hattab lui enfonce par trois fois le coupe-papier dans la région du cœur.

Isabelle Pelletier a fidèlement relaté les faits dans un livre Rendez-vous en enfer, aux éditions J’ai Lu. Quant à Bertrand Tavernier, il s’est inspiré de cette sordide histoire pour son film, L’Appât, sorti en 1995.

Devant la cour d’assises de Paris, en janvier 1988, les trois jeunes gens ne montrent aucun remord. Laurent Hattab fait même preuve d’arrogance. Aucune considération pour la famille des deux victimes, assise au premier rang. Maître Szpiner, de sa voix de baryton clame : « Ils sont de la race de Paulin », faisant ainsi allusion au tueur de vieilles dames.

Le jury les déclare coupables et tous trois sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine virtuelle, puisque Valérie Subra a été libérée en 2001 et Laurent Hattab et Jean-Rémi Sarraud deux ans plus tard. Ce dernier est décédé.

Si la bêtise était une circonstance atténuante, ils n’auraient sans doute pas été condamnés - mais alors, les prisons seraient à moitié vides.

FIN de CITATION

Les instrumentalisations de faits divers, drames le plus souvent individuels et complexes, par la simplification, l’amalgame et l’appel à la haine sont ignobles, d’où que vienne l’instrumentalisation.

De telles manipulations discréditent toute cause qui en userait..

gAZi bORAt


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