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Commentaire de Triton

sur Des poilus sans plaque ou comment voler leur identité


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Triton 17 juillet 2009 12:37

Monsieur Jarry,

C’est en faisant une recherche Internet sur une plaque de Poilu que je suis tombé sur ce sujet qui me tient à coeur.
 En effet, je suis (moi aussi !) détectoriste amateur et donc forcément concerné par cette polémique.

Je comprends parfaitement que vous soyiez choqué (Comme moi) par le comportement de certains détectoristes, de la même manière que nous sommes tous choqués par celui de certains automobilistes. Pour autant, pourquoi mettre tout le monde ou presque (99.99%)dans le même sac ? 

Vous vous réfèrez à de nombreuses reprises à la Loi, ce qui n’est défendable qu’à condition de la respecter soi même dans son intégralité et en permanence. N’avez-vous au grand jamais contrevenu aux règles du code de la route ? Fumé un pétard ? Regardé la feuille à l’envers lors d’une promenade en forêt avec votre petite amie ? Soulagé un besoin bien naturel au bord d’une route ? Si vous me répondez que non, je vous demanderai (juste pour vous taquiner) si votre auréole ne vous serre pas trop. Dans le cas contraire je serai ravi de savoir ce qui vous confère le pouvoir de décider des lois qui peuvent être transgressées et de celles qui doivent être respectées.
Soyons sérieux, nous sommes tous à un moment ou à un autre des contrevenants, voire des délinquants, donc ne brandissons pas la Loi juste quand elle apporte de l’eau à notre moulin.

En ce qui concerne les dégâts forcément irrémédiables causés à des sites d’un intérêt historique forcément inestimable, ne pensez-vous pas que vous noircissez un peu le tableau ? Je ne dis pas que ces choses là n’existent pas, mais je pense qu’elles sont le fait d’irresponsables ou d’individus sans plus de scrupules que ceux qui prennent le volant bourrés et sans permis ou ceux qui détroussent des cadavres pour leur prendre leur plaque d’indentification, et qui pour le coup, méritent bien évidemment les foudres de la Justice.

Pour ce qui est justement des plaques de Poilus, il se trouve que j’en ai trouvé une récemment. Je dois avouer que je l’ai emportée, en prenant soin de repérer exactement l’endroit de la découverte. A partir des renseignements figurant sur la plaque, j’ai pu, grace au remarquable site « Mémoire des Hommes » savoir que son propriétaire avait été déclaré tué à l’ennemi dans le secteur - même si la localisation exacte diffère légèrement - de la découverte. La seconde phase, actuellement en cours, est la recherche de descendants ou de parents vivants de ce soldat. J’effectue cette démarche avec l’aide d’un professeur d’histoire homonyme contacté justement dans le cadre de cette recherche, et qui, bien que n’étant pas de la « bonne » famille, m’a spontanément proposé de m’aider à retrouver celle-ci. Si nous y parvenons, nous devrions arriver à savoir si ce soldat a été inhumé ou non dans un cimetière militaire où dans le caveau familial. Si oui, la plaque sera remise à la famille, si non, il y aura de forte probabilité pour que le corps ait été laissé sur place, et je suppose que ce sera aux autorités et (ou ?) à la famille de décider de ce qu’il y a lieu de faire. Je pense que nous sommes là assez loin de la violation de sépulture. (D’ailleurs comment le savoir au moment de creuser ?) ainsi que du détroussage de cadavre. 

 Par ailleurs, vous savez comme moi qu’interdire la vente de détecteurs équivaudrait à donner un grand coup d’épée dans l’eau dans la mesure où par le biais d’Internet, on peut en quelques clics acheter n’importe quoi n’importe où.
A ce sujet, j’aimerais bien profiter de vos lumières sur les marques et types de détecteurs capables de localiser un module 5 centimes Napoléon III à plus de 30 centimètres. (Je collectionne les monnaies françaises dites « modernes » -de la Révolution au Nouveau Franc -)
 
Pour conclure, je pense qu’en toute chose, tout n’est pas blanc et tout n’est pas noir. Il y a des détectoristes responsables et d’autres non, comme il y a des archéologues ouverts et des intégristes qui par définition « sont ceux qui savent ». La cohabitation qui est de toute façon irrémédiable doit pouvoir s’améliorer, non pas par la répression à mon sens, mais plutôt par l’éducation et le dialogue. Les sites d’identification de trouvailles pourraient d’ailleurs être une passerelle entre les 2 « communautés » dans le cadre des découvertes qui présenteraient un intérêt archéologique. Actuellement, il y a des détectoristes qui souhaiteraient, mais n’osent pas déclarer des trouvailles (qui sans eux n’auraient peut-être jamais été mises à jour) aux autorités compétentes par peur d’être traînés devant les tribunaux. Ne pensez-vous pas qu’on doit pouvoir trouver une solution ? 

Pourquoi n’acceptez-vous pas les invitations qui vous sont lancées pour effectuer une sortie détection ? Pour ma part (je suis du Nord-Est), je pense que ce pourrait être enrichissant pour tout le monde. Vous pourriez choisir les lieux de prospection (hors sites classés évidemment ) et vous rendre compte « de visu » de ce qu’est une journée ordinaire d’un détectoriste : Beaucoup de marche à pied, de trous à creuser (et reboucher soigneusement) de saloperies diverses déterrées ou ramassées (et collectées), et parfois, une petite 10 centimes Lagriffoul, ou la fameuse 5 centimes (Napoléon III, Cérès, ou Dupuis) « engraissée », « sulfatée » et « pesticidée » comme il se doit, au point bien souvent de devoir la classer dans la catégorie des « savonnettes », la plus étoffée de la boîte à trouvailles.
Vous ne me convaincrez pas plus de m’arrêter que je ne vous convaincrai de vous y mettre, mais pour autant, je suis sûr que nous passerons une journée agréable au grand air, tout en polémiquant sans nous invectiver, en personnes adultes et responsables que nous sommes. 

A vous lire.

Cordialement





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