Votre analyse est largement juste, mais se heurte à ce qui pourtant devrait être une évidence : la nécessaire rénovation du Parti socialiste en deux entités, l’une étatiste (le parti de gauche de Mélanchon) qui pourrait se transformer en altermondialiste, l’autre sociale démocrate progressiste, qui pourrait à terme fusioner avec le MoDem.
On constate en effet qu’après des années de galère, les écologistes sont peut-être en train de faire leur révolution, en s’ouvrant plus largement vers leur électorat naturel de centre-gauche. S’ils poursuivent cette mue, ils acquéreront une crédibilité et une dimension nouvelle et pourront se poser en allié incontournable d’un futur gouvernement de centre-gauche (et non en simple alibi écologiste).
Au centre, le MoDem est fragilisé par sa défaite des européennes, mais demeure une alternative politique pour l’électorat modéré ; surtout, ce parti a dépassé l’ancienne tradition « centriste » obsolète et soumise de l’UDF, et son label « démocrate » a une signification politique reconnue. En fonction de l’habilité politique de son leader, ce parti constituera soit le coeur soit un allié indispensable à une future coalition de gouvernement.
A l’extrême gauche, NPA et communistes-parti de gauche vont devoir s’entendre malgré leurs divergences idéologiques, et représentent un aiguillon politique utile en raison de l’affaiblissement des syndicats en France.
Reste le PS... et là, c’est le trou noir... Dans la situation idéale que vous suggéreé, ce PS se réformerait en profondeur, se séparerait de sa branche étatiste, et assumerait ouvertement son souhait de gouverner en coalition avec les écologistes et le MoDem. Mais il lui manque pour cela un(e) leader pour prendre la tête de cette coalition. Au pire, il pourrait prendre Bayrou comme leader provisoir d’une telle coalition, sachant que ses troupes domineraient le parlement et donc le futur gouvernement. Mais une telle hypothèse est innacceptable pour ses militants, quelque serait son efficacité électorale.
Le plus probable demeure donc effectivement une réélection de Nicolas Sarkozy, qui soutiendra autant que possible l’avènement d’un leader faible au PS, afin d’éloigner les deux hypothèses qui lui seraient fatales : un leader PS fort ou Bayrou au second tour.