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Commentaire de Mohamed Pascal Hilout

sur Riposte laïque, féministe, républicaine et humaniste


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Mohamed Pascal Hilout Mohamed Pascal Hilout 22 juillet 2009 12:54

Comme promis, voici ma réaction à votre longue réponse ci-dessus

1 – Essentialisation ou comment éviter d’aller à l’essentiel

Rappel de votre paragraphe en entier : « Que le voile ait une signification originelle qui est celle que vous décrivez, soit. Que cette signification soit la même en tous temps en tous lieux me semble en revanche sujet à caution. Cette essentialisation du port du voile passe sous silence le fait que la signification d’une coutume n’est pas aussi figée que vous l’affirmez, qu’elle évolue nécessairement en fonction du contexte géographique, politique et social dans laquelle elle est pratiquée. »

Ce qui est sujet à caution pour vous est pour moi une constante à travers les quatre dimensions de l’espace-temps. Votre anathème « d’essentialisation » ne tient pas debout. Il ne sert qu’à nous éviter d’aller à l’essentiel. Démonstration :

Vous ne pouvez pas niez que le mot islam est dans l’expression « voiles islamiques » et que les musulmans balisent ainsi le corps de la musulmane pour nous indiquer qu’elle est musulmane et ...tout ce qui s’en suit et que j’ai osé expliciter : l’endogamie, le ghetto matrimonial. Vous ne pouvez pas m’accuser de prendre en considération ce qui est considéré comme constant par mes coreligionnaires : pour tout musulman, les prescriptions islamiques sont valables pour tous les espaces et tout le temps. C’est ce que nous désignons comme « universels », parce que nous prétendons que c’est valable dans tout l’univers y compris sur Vénus et dans la fournaise d’Apollon. 


2 – Une des significations du voile :

Vous avez raison de rappeler que les signes peuvent changer de signification à travers l’histoire et la géographie. Et en effet, un signe ou un symbole, comme « le bout de tissu mis sur un corps féminin » ou bien ces lettres de l’alphabet que vous lisez ici, n’ont, en eux-mêmes, aucune signification déterminée à l’avance. Ils sont affaire de convention entre vous et celui/celle qui vous les envoie à la figure.

Leur sens dépend de nous et chacun a une connaissance plus ou moins précise des mots et des symboles religieux.

Mais malgré tout, nous arrivons tout de même à nous comprendre. C’est que nous avons eu, à peu près, la même formation et nous nous référons aux mêmes dictionnaires pour nous départager en cas de besoin.

En me limitant à un sens particulier du voile islamique, l’endogamie en l’occurrence, j’ai pris le plus petit commun dénominateur de toutes ses significations possibles. Aussi bien passées que présentes et qu’aucun, je dis bien aucun musulman ou musulmane ne renierait : le voile balise le corps de la musulmane, territoire interdit aux non- musulmans.

Cette phrase est vérifiable et je vous met au défi de démontrer qu’elle est fausse. Prenez le dictionnaire ou la référence islamique que vous voulez.


3 - Un paradoxe de votre fabrication

Par contre votre phrase

« Le paradoxe est qu’en agissant ainsi, en assignant à un symbole une fonction univoque et intemporelle, vous continuez à « faire » du religieux à votre manière et repoussez d’autant la possibilité de sécularisation de l’Islam. »

est une phrase fausse : je suis l’initiateur du nouvel islam, j’assume ma fonction religieuse et je propose à mes coreligionnaires de faire refluer leur foi dans le cœur afin qu’elle cesse de submerger des pans entier de la société. Je suis pour une sécularisation active et non pas celle qui attendrait que tout tombe du Ciel. Il me semble que vous êtes plus proche de cette dernière attitude et c’est en partie pour cela que je pense, encore une fois, que votre pensée est plutôt archaïque.


4 - Bonnes et mauvaises mœurs

Et lorsque vous écrivez « D’ici là, je crois que vous ne pourrez saisir en quoi votre discours ne propose qu’un modèle unique de l’émancipation féminine, celui de l’occidentalisation des mœurs. » (c’est moi qui souligne)

je crois que vous procédez à une réduction de mon discours et puis vous m’attribuez votre oeuvre : moi, je propose aux musulmans de déclarer caduques les interdits matrimoniaux, culinaires, sépulcraux... qui nous séparent du reste de l’humanité. Si je tenais ce discours en Chine, en Afrique du Sud ou en Inde, là où des musulmans sont aussi très présents, mon discours aurait-il pris la couleur chinoise, sud-africaine ou bien indoue ? Je ne le crois pas. Mais votre usage de l’expression « occidentalisation des mœurs », veut activer, de façon subliminale, l’idée que finalement Occident et Orient s’affronte sous ma plume et que je suis pour la domination occidentale.

Non cher Monsieur, il s’agit de l’émancipation qui permet d’aimer et de fusionner avec l’Autre, totalement autre, peu importe qu’il soit Chinois, Indou, Africain, Sud-Américain ou Occidental.


5 – N’occultons rien

Vous écrivez : « Bref, de façon générale, j’ai le sentiment que dès qu’il s’agit de la communauté musulmane, vous voyez tellement le spectre de la charia que vous en finissez par occulter totalement le phénomène quasi-universel de la reproduction sociale. »

Je n’ai jamais occulté quoi que je sois : je constate qu’il y a des prescriptions islamiques qui sont avancées, à tort ou à raison, comme justification d’une reproduction sociale dans l’entre soi et, fait nouveau, je les décrète caduques pour que, intellectuellement au moins, la porte soit ouverte à une rénovation dans notre comportement social.

Mais il me semble que vous ne voulez pas que je prenne une part active dans la critique de mon propre héritage musulman ET social tout en démontrant à l’aide de mon exemple vivant que la théorie de « la reproduction sociale » n’est pas une fatalité. C’est une autre baliverne à laquelle je donne un bon coup de pied dans le derrière. Deux inepties qui tombent d’un seul coup, ça fait beaucoup ?


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