olivier,
C’est plutôt cette devise à l’entrée des camps qui est une sinistre parodie - en fait, je ne voudrais pas faire du moralisme à deux balles, mais produire quelque chose et le vendre, dans nos sociétés, est effectivement annoblissant.
J’ai un rapport complexe avec la prison, comme beaucoup de gens : aucune pitié pour les monstres genre Fourniret ou Fofana, en revanche, empathie pour les autres, mais à condition qu’on envisage la peine comme une rachat possible et non comme un sinistre marchandage entre l’institution et un individu qui n’a aucune conscience d’avoir mal fait. Et ce dans une société où il est désormais très difficile d’inculquer la moindre morale du bien ou du mal, hormis de vagues recommandations.
En même temps il faut se rendre compte que tout le monde ne peut s’amender - comme je l’ai expliqué sur un post plus ancien, mon père a fait 7 ans sur une condamnation à 10 piges pour vol de voitures ; il a passé une partie de ce temps dans la bibiliothèque de la prison, mais cela n’a rien fait pour l’améliorer, et seule la sympathie de son entourage l’a empêché de rechuter à plusieurs reprises (maintenant, on peut aussi comprendre que coller un gamin de 17 ans en taule pour dix ans pour vol de voitures, c’est le casser).
Par contre, j’ai l’intime conviction que quand un prisonnier fabrique quelque chose de ses mains, ou écrit un livre, c’est déjà une renaissance à une nouvelle vie. Alors le travail qui rend libre - ou qui permet déjà d’assurer l’ordinaire - j’y crois.