Le Front de Gauche continue de souffrir ...
Pauvre Front de Gauche : il est à peine né que vous ne lui reconnaissez aucune chance
de poursuivre son chemin. Parce que je suis une véritable socialiste, j’ai quitté le Parti Socialiste. Rester, c’était donner une caution de gauche à une majorité du PS qui avait choisi la sociale-démocratie en piétinant toutes nos valeurs, toute notre histoire, tous nos espoirs. Je suis membre maintenant du Parti de Gauche et, par conséquent, du Front de Gauche. Vous ne savez pas l’enthousiasme, le sentiment de fraternité, le bouillonnement d’idées que j’y ai trouvés. Parmi nous, il y a beaucoup d’anciens militants, des gens de conviction, peut-être quelques carriéristes comme partout, et encore je n’en suis pas certaine. Des amis sont venus nous rejoindre, qui n’avaient jamais adhéré encore à un parti politique : de nombreux syndicalistes, mais aussi des citoyens qui ont enfin repris espoir grâce à nous. Notre démarche est honnête, claire, visible de tous et jamais dissimulée. Voilà ce que j’appelle un parti de citoyens et pour les citoyens.
Certes, une alliance solide avec le NPA aurait été souhaitable, et même tout simplement logique puisque nous défendons, les uns et les autres, les faibles contre les forts. Je parle, bien sûr, de la conjoncture actuelle. Mais cette alliance, naturelle, se fera sans doute un jour. Laissez mûrir la situation, encore toute récente. Laissez-nous le temps de grandir. Nous sommes tout juste en train de mettre au point notre projet, car ,pour le moment, nous avons un programme pour l’UE, mais le reste est encore sous la forme de propositions largement discutées, déjà précises, mais un peu éparpillées. Donnez-nous le temps de nous organiser.
De toutes façons, l’avenir du Front de Gauche n’est pas votre principal souci, si ce n’est que vous souhaitez certainement qu’il n’en ait pas. Pourquoi voudriez-vous qu’une vraie gauche vienne concurrencer le « parti démocrate à l’américaine » que vous espérez voir au pouvoir demain ? Vous voulez surtout la mort des idéologies, et plus exactement celle de toute idéologie fondée sur des valeurs de gauche. La Doctrine Sociale de l’Eglise doit vous convenir à merveille : pauvres et riches ont chacun leur place dans la société, ils ne doivent pas s’affronter puisqu’ils ont un objectif identique (le bien commun), toutefois il est recommandé aux riches de ne pas trop forcer l’exploitation car ils risqueraient de faire tomber les pauvres dans l’ornière du socialisme. Souvenez-vous de ce qu’a dit l’évêque qui accompagnait les jeunes dans le pélerinage de Chartres, au moment des manifestations contre le CPE : « L’important, ce n’est pas un contrat, c’est l’amour de Dieu. »