bjr,
Je suis un ami de musulmans et musulmanes. Pas spécialement du fait de leur croyance religieuse il est vrai ! Comme beaucoup, je n’aime pas les signes
religieux ostensibles . Plus particulièrement je n’aime ni le voile
islamique ni la burqa. Autrement dit je me définis comme étant 1) de mentalité laïque et
pacifique et 2) « voilophobe » (si l’on veut) mais pas islamophobe. Certains se
cachent derrière la « voilophobie » pour s’en prendre à l’islam et à tous
les musulman(e)s sans distinction aucune. Ce n’est pas la position que
je défends.
C’est clair et concis je crois mais pas toujours suffisant .
Je suis contre l’emprise des religions « par en-haut » via les appareils
religieux (masculin très souvent) ou « par en-bas » via les fidèles. Pour
ce faire il faut des critères et des critères valables pour toutes les
religions car sans ce type de critère on tombe dans l’arbitraire et la
discrimination . Le signe religieux ostensible différent du signe
discret est un de ses critères - que je nomme mentalité laïque et
pacifique - s’appliquant à toutes les religions tentées par un
affichage excessif de la religion . Ce printemps 2009 le Conseil d’Etat
belge a validé cette distinction universalisable à propos d’une
décision d’interdire les signes ostensibles à l’école.
Cependant, le voile islamique pose une question particulière,
spécifique. Ce sont uniquement les femmes qui sont couvertes. Mon
propos n’est pas ici « paternaliste » au sens de vouloir émanciper les
musulmanes de force. Plus simplement il refuse une situation sexuée
(deux régimes de « liberté ») et même sexiste (un régime enferme les unes
et stigmatise les autres). En plaisantant, comme l’indique JJ Lakrival
sur son blog, j’ai répondu récemment que par égalité et réciprocité les
hommes musulmans devaient aussi porter un voile, partiel ou total selon
ce que leur femme porte « librement ». Et par relativisme absolu, donc
sans la moindre considération d’ordre public, on devait aussi tolérer
les nudistes en ville comme on tolère les niquab. Plus sérieusement,
l’idée de se découvrir le visage dès qu’on s’adresse à quelqu’un est un
minimum de respect au-delà des modalités culturelles. Cela devient une
obligation quand on se présente à un interlocuteur institutionnel privé
ou public.
Voilée librement ? Certaines oui. Indéniablement. Mais d’autres non. Et
elles sont nombreuses à subir cette imposition. Elles se font parfois
« tabasser » quand elles soulèvent un bout de voile sous l’effet de la
chaleur (cf affaire du parking marseillais) . Le voilage léger, moyen ou
complet est imposé en général assez tôt dans leur vie. Il finit par
devenir « une seconde nature ».
Pour celles qui le portent librement (et qui peuvent aussi l’enlever
librement) comme pour les autres, il peut y avoir un principe de
tolérance mutuelle, d’équilibre des respects, pas la tolérance demandée unilatéralement. Qu’elles le portent là ou
il n’y a pas rapport social ne dérangera pas ou peu (il y a des
exceptions). Un rapport social, égalitaire (collègue de travail) ou
hiérarchique, met nécessairement en rapport des individus. A la
différence d’une relation humaine inter-individuelle, on ne choisit pas
ici d’entrer en relation. La relation est imposé par la situation. Pour
ma part, je refuserais de travailler avec une femme voilée qui sans avoir à
parler me répète à longueur de journée que Dieu existe et (en l’espèce
qu’Allah est grand !). Est-ce difficile à comprendre ? Je lui signifierais alors que son voile m’indispose et lui demanderais de l’enlever. Je préciserais
à toute fin utile que je n’ai rien contre l’islam. Et, le cas échéant,
j’ajouterais que suis contre « l’islam des caves » et pour que les musulmans
et musulmanes aient des lieux de culte, des mosquées.
Christian Delarue