Déplorait naguère : « C’est une misère en ce monde que les imbéciles soient si sûrs d’eux-mêmes et les sages, emplis de doute. » Heureusement, les grands esprits européens ont traqué le nigaud à coup de bons mots. Suivons-les à la trace.
Peuple de poètes et de penseurs, les Allemands se plaisent à
remonter au coeur de l’Antiquité pour tirer les oreilles des benêts.
Ainsi, dit-on, Outre-Rhin, de celui qui n’est pas exactement ’ un fin
limier ’, qu’il ’ n’a pas inventé la roue ’ ( ’ er hat das Rad nicht
neu erfunden ’ ). Les Espagnols remontent un peu plus le fil de
l’Histoire pour affirmer d’un débile, qu’ ’ il n’a pas inventé la
poudre ’ ( ’ no has inventado la pólvaro ’ ).
En Pologne, la niaiserie se trouve là où les grands conquistadors ne
sont pas, car, selon ses habitants, un esprit un peu limité ’ n’aurait
pas pu découvrir l’Amérique ’ ( ’ ameryki nie odkry ’ ). Les Français
la jouent plus pratique : l’idiot, au grand jamais, n’aurait pas pensé
au fil à couper le beurre pour se faire une tartine. Et vue la fadeur
des propos du demeuré congénital, on peut penser qu’il n’a pas non plus
’ inventé l’eau tiède ’.
Les Anglais vont, eux, creuser dans l’atelier de l’artisan pour
brocarder un esprit à la vivacité un tantinet émoussée. Outre-Manche,
le sot est décrit comme n’étant pas exactement ’ l’outil le plus affûté
dans la caisse ’ ( ’ He’s not the sharpest tool in the box ’ ). Pour
débusquer la bêtise dans les moindres recoins, les savants n’hésitent
pas à mettre les mains dans le camboui.