Je recommande à tous la lecture de Naomi Klein (La stratégie du choc) déjà citée par plusieurs internautes, mais aussi celle de Le grand bond en arrière de Serge Halimi. Dans ces deux bouquins, on voit bien comment les années 70-80 ont marqué un tournant important avec le triomphe d’une nouvelle droite décomplexée, imprégnée de l’idéologie néolibérale. Ce triomphe - dont les causes sont sans doute trop complexes pour être analysées ici - a forcément eu un impact important sur les partis de gauche, et pas seulement en France. Les démocrates se sont rapprochés des républicains, les travaillistes angalis (ou néo-zélandais) sont devenus néo-thatchériens, le SPD allemand s’est droitisé (au point de gouverner aujourd’hui l’Allemagne avec la CDU).
En France, on a pu assisté au même phénomène : le PS s’est de plus en plus rapproché de l’UDF et du RPR, puis de l’UMP et du MoDem. La récente « trahison » de certains éléphants, passés chez l’ami Sarko, n’est que la suite logique d’une lente évolution qui remonte au moins à 1983. Les socialistes (en France ou ailleurs) ont renoncé à ce qui faisaient leur raison d’être : la lutte contre les inégalités sociales et économiques. Ils se sont rabattus sur quelques sujets « sociétaux » (lutte contre le racisme, contre l’homophobie ou contre le sexisme).
Et même sur ces sujets (dont je ne nie pas l’importance, d’ailleurs), il n’ont rien de très intéressant à proposer. Car il se trouve que les discriminations raciales et sexistes sont aussi, dans une large mesure, des discriminations sociales et économiques (les femmes et les descendants d’Africains étant généralement moins bien payés ou/et davantage victime de la précarité et du chômage). Dire que le racisme est vilain, c’est bien. Sortir les gens de leur merdier économique, c’est encore mieux, car cela diminue efficacement la violence du racisme (lequel n’est jamais aussi fort qu’en période de fort chômage et de précarité).
Bref, la mort probable du PS ne sera jamais que la fin d’une lente agonie. Et si jamais il ressuscite prochainement sous un autre nom, il y a fort à parier qu’il recrève aussitôt après. Quand on clône un vieil animal, on n’obtient un animal dont les cellules sont déjà vieilles à la naissance. En réalité, seul un fort mouvement social pourrait contraindre les partis (de droite comme de gauche, d’ailleurs) à se rajeunir et à changer de stratégie. Vue la crise actuelle, il n’est pas du tout impossible que cela se produise dans les prochaines années...