J’ai envie par rapport à ça de vous rapporter une situation vécue, de la façon la plus juste qui me soit accessible ; j’ai fait de la danse thérapie avec une remarquable danse thérapeute. Avant, j’ai pratiqué différentes approches corporelles, ce qui fait que plus d’une personne me pointaient que j’étais très bien dans mon corps, ce qui n’est pas faux. La façon dont la séance se déroulait était un temps de parole en groupe autour de la semaine écoulée, puis relaxation, puis danse, souvent improvisée mais à partir de consignes précises, conclusion sur un partage par rapport à la séance. L’intérêt évident que je trouve à cette approche, c’est qu’elle est très différente de l’expérience de quelque aute danse que ce soit, en étant bien plus dans le registre de la créativité, et en partant de l’acceptation de s’exposer au regard d’autres dans un contexte propice à déclencher des émotions. Il y a des solos, des duos, des danses de groupe. Je trouve ça infiniment riche. J’avais de bonnes relations avec le groupe, c’était très sympa. Et ça se passait à un moment où j’étais assez violemment harcelée ce que j’énonçais avec une colère certaine. J’avais des preuves matérielles de ce harcèlement, ce n’était pas du tout une manifestation de parano. Et là, alors que cette danse thérapeute était particulièrement fine dans ses interventions, par rapport à ma colère tout à fait actuelle et légitime, elle me renvoyait sans cesse à mon histoire, disant que l’origine de ma colère (largement travaillée) était ancienne. Puis évoquant mon côté colérique. Elle était très accro à « la souffrance ne se pèse pas », ce qui m’agaçait particulièrement, même si ça remonte à un an, donc à une période où je me sens plutôt dégagée de mon enfance. En tout cas plus sous son emprise.
Il s’est produit une situation que j’ai trouvée sidérante et non déontologique. Deux nouvelles personnes ont rejoint le groupe, et j’avais de bonnes relations avec elles. La dernière séance avant l’été, j’ai appris incidemment qu’elles avaient été amenées au groupe par une personne qui en faisait déjà partie, je crois bien la seule avec qui mes relations, sans être désagréables, n’étaient pas non plus agréables. Ca n’avait pas été énoncé dans le groupe, dont la règle de fonctionnement était que ne viennent dans ce groupe (il y en avait un autre) que des personnes qui ne se connaissent pas au préalable.
A la séance de rentrée, j’étais bien, ce que j’ai énoncé dans le temps de parole. La séance a été très riche, mais la personne qui avait introduit les deux récemment venues (dont une seule était présente) a refusé de participer, manifestant un retrait net, et, ce qui ne s’était jamais produit, l’animatrice l’a laissée en retrait.
En fin de séance, on commente, et chacun avait apprécié cette séance, donc je l’énonce à ma façon, comme les autres. Puis la thérapeute donne la parole à la femme qui était en retrait, et celle-ci me prend à partie avec une violence insensée, disant que j’introduis une agressivité qui l’agresse dans le groupe et qu’elle veut l’avis des autres, savoir si elle est seule à penser ça. Personne ne l’a suivie. Mais l’animatrice l’a laissée m’agresser d’une façon que je trouve grave. J’ai arrêté là. En y repensant, dans le début de la séance, une personne avait évoqué une souffrance importante et la réponse de l’animatrice m’avait choquée, toujours dans son registre « la souffrance ne se pèse pas » ; j’avais vécu ça comme un refus d’entendre, et j’avais dit très calmement que je n’étais pas d’accord, que ce qui venait d’être énoncé était particulièrement lourd.
J’ai eu des contacts avec des personnes du groupe malgré mon interruption, et j’ai donc su que l’animatrice avait de la toussaint à janvier pris un arrêt de maladie, annoncé juste une semaine avant qu’il soit effectif.
Les questions que m’a posées ce contexte sont très liées au fait que pendant le temps où le groupe se déroulait j’intéragissais sur des forums sur le 9/11 ; il m’arrivait de l’évoquer dans le groupe, ce qui provoquait une fermeture certaine de sa part. Quand j’ai pris du recul, j’ai envisagé que cette personne soit d’origine juive, question que je ne me pose jamais, mais son patronyme l’est. Et la profession comporte une proportion importante de personnes juives. (je finis par ne plus savoir quelle appellation donner pour ne pas être qualifiée d’antisémite), et je me suis dit que le rapport à la Shoah comme souffrance maximale tellement entretenu chez eux pouvait être à l’origine de son refrain « la souffrance ne se pèse pas ».
Pour moi, c’est très dommage, je visais le DU de danse thérapie puisque ces approches me semblent particulièrement justes, et là, je suis grillée (enfin, il y a d’autres formations), mais je suis restée avec ces questions, avec « qu’est-ce qui empêche certaines personnes d’entendre qu’on n’est pas à égalité quant aux épreuves contenues dans notre lot de naissance (je ne suis pas du tout la seule à avoir eu drot au couple »la souffrance ne se pèse pas") ?