Je remercie chacun des contributions apportées : cette discussion est riche et intéressante.
Je vais faire ici un rapide survol des réactions qui me sont venues à la lecture de celles-ci.
A propos des critiques à faire à la psychanalyse : comme toute théorie, et comme toute pratique, la psychanalyse ne peut faire l’impasse sur les critiques que l’on peut lui faire. A ce titre, j’ai trouvé la lecture du « Livre noir de la psychanalyse, vivre, penser et aller mieux sans Freud » sous la direction de Catherine Meyer, édition Les arènes, très intéressant. C’est un ouvrage collectif, de 800 pages. Il y a des éléments avec lesquels je ne suis pas d’accord, mais aussi beaucoup d’éclairages inhabituels sur cette pratique, et en particulier un point de vue pragmatique qui me semble sain. De plus on y trouve des informations peu ou pas connues sur l’histoire de la psychanalyse.
En général, quoi qu’en disent certains, si on va voir un psy, c’est pour aller mieux. Qu’il soit parfois nécessaire de retraverser son histoire ce qui n’est pas toujours une partie de plaisir, pour dépasser certaines positions qui ont des racines infantiles, et mieux se débrouiller avec soi-même et avec autrui, c’est un fait d’expérience. Mais le risque de ne plus se voir que comme un problème existe aussi.
Il me semble que la vigueur des critiques de la psychanalyse est à la hauteur de son idéalisation. Il n’y a pas de théorie ou de pratique « bonne en soi ». L’important, comme c’est évoqué dans la discussion, c’est comment cette pratique est employée, par qui, et avec qui. Et à quel moment.
La résilience nous montre bien que ce qui importe, c’est ce que chacun fait de ce qu’il vit et des rencontres qu’il fait. Comme j’ai essayé de le dire, il est important d’être son meilleur ami, de ne pas lâcher la main de la personne que l’on est. L’idéalisation est un facteur de progrès personnel, mais aussi d’aliénation quand on idéalise une situation ou une personne. Or nous avons tous plus ou moins la possibilité d’idéaliser, de croire en l’homme providentiel, d’idéaliser l’autre dans la relation amoureuse ou thérapeutique, de nous sentir en infériorité devant quelqu’un qui se met en position de juge (ou d’« évaluation » dans le milieu professionnel). Sans nier cette tendance, la reconnaitre doit nous aider à nous protéger et à nous sortir de situations qui ne nous sont pas favorables, ou à les inverser.
Par rapport à l’intervention de Stephanie je voudrais préciser que je ne dis pas que l’altruisme est une mauvaise chose, ni que c’est dangereux. Je voulais parler de ce mouvement où le résilient se soigne soi-même en soignant l’autre, sans penser donc à ses propres manques et attentes. Lesquels risquent de revenir en boomerang, soit à un moment particulièrement difficile, soit après trop de dons ou un lâchage de l’environnement sur lequel le résilient s’appuyait sans le savoir. Mais c’est un risque, pas une certitude.
Je suis d’accord aussi sur l’importance de l’abord corporel, en particulier quand il y a eu des manques précoces. Et, là aussi, il faut choisir de bonnes conditions.
Je ne détaillerai pas plus l’apport important du témoignage de Nicole, qui éclaire, entre autres, sur les risques que l’on peut rencontrer dans une relation d’aide, et sur comment on peut s’en sortir.